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Adoration (en VOD)

Sortie  le  19/05/2020  

De Fabrice du Welz avec Thomas Gioria, Fantine Harduin, Benoît Poelvoorde, Laurent Lucas, Gwendolyn Gourvenec, Charlotte Vandermeesch et Peter van der Begin


Paul, un jeune garçon solitaire, rencontre Gloria, la nouvelle patiente de la clinique psychiatrique où travaille sa mère.
Tombé amoureux fou de cette adolescente trouble et solaire, Paul va s’enfuir avec elle, loin du monde des adultes...


Jusqu’où on est capable d’avoir une passion amoureuse pour quelqu’un, surtout quand on découvre rapidement que celui-ci est mentalement « malade de la tête », vivant dans un monde différent du sien, certes mâture et manipulateur au fort pouvoir de persuasion bien développé et surtout très toxique mais aux réactions souvent imprévisibles, voire emportées, pour ne pas dire exaltées à la limite de la crise d’hystérie ? C’est ce que ce drame à la fois poétique et sanglant nous dépeint allégrement autour du parcours « initiatique » de 2 ados en fuite, 2 fugitifs insouciants en demande d’affection, à la recherche d’espace et de liberté lors d’un voyage d’errance à la manière d’un « road-movie » à travers forêts et lacs, entre camping sauvage et bateaux empruntés, sur fond d’ode à la nature.
Filmé caméra à l’épaule au plus près des 2 protagonistes principaux – les talentueux belges Fantine Harduin (vue notamment dans Le voyage de Fanny, Happy end, Dans la brume et Amin) au regard tour à tour intense, affolé et halluciné, et Thomas Gioria (présent dans Jusqu’à la garde, prestation pour laquelle il a été nominé pour le César du Meilleur Espoir Masculin et remporté le Prix d’interprétation masculine au Festival de Macao) qui s’inquiète beaucoup et naïvement pour elle -, on suit leurs péripéties plus ou moins mouvementées, ponctuées de rencontres inopinées et de contacts plutôt difficiles (entre autres avec Benoît Poelvoorde, venu endosser le rôle discret d’un doux un peu dingue sur les bords), se soldant toujours par des pertes et fracas violents, dus à leur état d’exaltation affiché. Le réalisateur et scénariste belge Fabrice du Welz (Calvaire ; Vinyan ; Colt 45 ; Alleluia ; Message from the king) s’est focalisé sur leurs âmes tourmentées autant intérieures qu’extérieures, là où leur rapport avec le bien comme avec le mal n’a plus de réelle ni de véritable frontière.
On se laisse doucement mais sûrement guider par les chemins de travers(e) empruntés par ses 2 gamins dépendants l’un envers l’autre, 2 « enfants sauvages » que rien ne semble pouvoir et vouloir arrêter, ni le vol, pas plus que la destruction par le feu et encore moins l’acte irréparable. Sans savoir jusqu’où cette quête les mènera ni jusqu’où ils seront capables d’aller, on suit avec intérêt cette odyssée sombre en forme de course cruelle et « folle » (dans tous les sens du terme d’ailleurs !), où le terme « s’oublier soi-même » et l’expression « garder ses distances » prennent ici tout leur sens et leur signification....

C.LB



 
 
 
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