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L'autre

Sortie  le  08/01/2020  

De Charlotte Dauphin avec Astrid Bergès-Frisbey, James Thiérrée, Anouk Grinberg et Jean-Louis Martinelli


Marie est une jeune danseuse de l’Opéra de Paris. Après la mort brutale de son père le jour de son trentième anniversaire, elle décide d’arrêter sa pratique artistique et poursuit une existence de plus en plus recluse. Son deuil enferme Marie dans ses souvenirs, à travers les écrits mystérieux laissés par son père, ses pensées, et une maison qui semble l’emprisonner. Son amour pour Paul, un photographe qui a pris le dernier portrait de son père quelques minutes avant sa mort, va peu à peu éveiller en Marie une force vitale qui va l’aider à devenir une autre version d’elle-même.

La réalisatrice Charlotte Dauphin est la petite-fille de l’industriel, publicitaire et entrepreneur français, Jacques Dauphin, fondateur de la société d’affichage Dauphin et considéré comme le père de l’affichage moderne. Ceci n’expliquant pas forcément cela - le fait de mettre en scène un 1er long métrage -, elle s’est attelée à un scénario pour le moins profond, mélancolique, emprunté, intello même, plus ou moins difficile d’approche aux premiers abords mais néanmoins intéressant à plus d’un titre.
D’abord, par le choix de l’histoire, une sorte de huis-clos intimiste sans trop de dialogues (beaucoup de choses sont sous-entendus ici !), posé pour ne pas dire apprêté version empruntée limite ampoulée, légèrement sophistiquée, particulièrement chorégraphié voire même un brin glamour du type élitiste, qui navigue entre impressions et ressentis, souvenirs (d’enfance notamment) et émotions, mémoire et sentiments, dépression et renaissance.
Puis, par la sélection du casting plutôt rare et inattendu, portée par la présence triste et grave d’Astrid Bergès-Frisbey (vue dans La fille du puisatier de – et avec - Daniel Auteuil ; Le sexe des anges ; Juliette ; Alaska et Le roi Arthur – la légende d’Excalibur entre autres), celle à la fois féline, impressionnante et marquante de James Thiérrée (18 ans après ; Désaccord parfait ; Liberté ; Voyez comme ils dansent ; Chocolat ; et dernièrement L’empereur de Paris), et celle délicate, douce et attentionnée d’Anouk Grinberg (L’enfant de l’hiver ; Merci la vie ; Mon homme ; Un héros très discret ; Une Entre chiens et loups ; vie à t’attendre).
Ensuite, par le lieu du tournage, un grand appartement ancien plein de cachet (avec des belles moulures et des beaux bois) « endroit hors du temps » et personnage à part entière dans ce script douloureux autour de la perte d’un être cher, ici un père, et tout ce que cela peut déclencher ou impliquer chez « l’autre » afin que celui-ci puisse un jour en faire son deuil. Et enfin, par l’ambiance qui se dégage de l’ensemble, une suite de tableaux léchés grâce à une photo très soulignée, des flash-back (« laisser le passé là où il est ») et des messages doublés en voix off, sans oublier une BO prenante (piano acoustique et chanson de Leonard Cohen).
Si certaines scènes peuvent vous paraître pas toujours très naturelles (des expressions, des regards, le club féminin...), il faut reconnaitre que le ton donné est assez singulier même s’il n’a plus vraiment sa place - ni lieu d’être - dans le cinéma d’aujourd’hui. Bref, une curiosité à voir si vous aimez ce style d’atmosphère hors du temps assez prononcée....

C.LB



 
 
 
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