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Vita & Virginia (sur Ciné + Club)

Sortie  le  25/05/2022  

De Chanya Button avec Gemma Atterton, Elizabeth Debicki, Isabella Rossellini, Rupert Penry-Jones, Peter Ferdinando, Emerald Fennell et Gethin Anthony (sur Ciné + Club les 25, 27, 28 et 30/05 + 01/06)


Virginia Woolf et Vita Sackville-West se rencontrent en 1922. La première est une femme de lettres révolutionnaire, la deuxième une aristocrate mondaine. Quand leurs chemins se croisent, l'irrésistible Vita jette son dévolu sur la brillante et fragile Virginia. Commence une relation passionnelle qui fait fi des conventions sociales et de leurs mariages respectifs. La fascination que Virginia ressent pour Vita, l'abîme entre sa vie d’artiste et le faste de l'excentrique aristocrate donneront naissance à Orlando, une de ses œuvres maîtresses, bouleversante réflexion sur le genre et sur l’art.

Quand 2 esprits brillants se rencontrent, qu’est-ce qu’ils se racontent, des histoires littéraires pleines d’intelligence, de philosophie et de psychologie réunies pardi ! Si, en plus, ce sont 2 femmes anglaises plutôt libres, émancipées et même osées, qui ont marqué leur époque – les années 20 – par leur talent respectif, et quelque peu bousculé les valeurs, conventions et autres bonnes mœurs de cette période assez corsetée – nous sommes encore à l’ère victorienne ! - en s’affichant ensemble sans discrétion dans une relation intense considérée comme « interdite », plus ou moins ouvertement aux yeux de tous, alors ça ne peut qu’être passionnant à plus d’un titre d’ailleurs !
Pensez donc, 2 génies à l’œuvre prodigieuse mais chacune à leur manière et dans des domaines bien distincts, au caractère diamétralement opposé mais néanmoins bien trempé (notamment dans l’encre de leur stylo-plume !), qui vont en quelque sorte s’affronter par voie orale (conversations) et écrite (correspondances). Une espèce de compétition qui va les rapprocher puis les éloigner sans vraiment casser définitivement leurs liens profonds. Si l’une, Virginia Woolf, est assez timide et réservée, vulnérable malgré son talent, peu apprêtée et vivant dans son monde, pardon, dans son univers cérébral peuplé de visions surréalistes et de démons d’ordre autant émotionnel que psychologique (elle passe entre déprimes et crises de dépressions nerveuses), l’autre, Vita Sackville-West, est une bourgeoise mâture, sensuelle, forte, lucide, jalouse, raffinée, vaniteuse et passionnée, vivant d’arrangements, oscillant entre peurs et fantasmes tout en prônant l’indépendance (« n’a pas de sexe », dixit l’intéressée), se repaissant de l’esprit de la 1ère qu’elle veut s’accaparer, l’ensorcelant à sa façon (elle la drague comme pour attraper une proie) et voulant que celle-ci l’admire à tout prix tout en faisant fi des capacités et aptitudes de l’autre.
Beau duel en perspective, n’est ce pas ! On navigue ici dans un univers cérébral entre gens de « bonne compagnie », là où il y a à la fois de l’amitié mêlée à du désir, de l’envie et de l’étouffement aussi, ainsi que pas mal de preuves d’esprit comme de répliques tirées d’ailleurs de leur propre correspondance. Mais à trop vouloir (dé)montrer leurs joutes verbales, le ton comme les dialogues en deviennent prétentieux, ampoulés et empruntés, presque artificiels voire superficiels par moment, pas loin d’être récités : les phrases sont trop écrites et trop pompeuses pour être honnête. Bref, ça sonne faux dans la bouche de ses 2 (trop belles) romancières dont l’une a mauvaise influence alors que l’autre sombre dans une obscure folie intérieure.
S’il y en a plus pour Vita qui minaude à tout bout de champ (jouée par Gemma Atterton, devenue coproductrice du film) que pour Virginia (interprétée par Elizabeth Debicki, vue dans Gatsby le magnifique, Agents très spéciaux – code UNCLE, Les gardiens de la galaxie 2, et Les veuves), il faut reconnaître que le pari était risqué, fort heureusement pas (trop) guindé, d’autant plus basé sur leur penchant saphique à l’une comme à l’autre. Reste une belle et authentique reconstitution, avec des costumes avant-gardistes très variés et plutôt « branchées », sur fond d’une mise en scène académique, qui aurait demandé un peu plus de fluidité et d’excès et beaucoup moins de verbiage affiché, pour élever cette production ambitieuse au statut ou bien au rang d’« icône » cinématographique....

C.LB



 
 
 
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