Monrovia Indiana

Sortie  le  24/04/2019  

De Frederick Wiseman avec des inconnus

Monrovia, petite ville agricole du Midwest américain compte 1400 habitants, dont 76% ont voté pour Trump aux dernières élections présidentielles. Des salles de classe aux réunions municipales, du funérarium aux foires agricoles locales, Frederick Wiseman nous livre une vision complexe et nuancée du quotidien de cette communauté rurale, portrait d’une Amérique souvent oubliée et rarement montrée.

Une ville où les habitants seraient un peu comme des « acteurs » anonymes face à la caméra de Frederick Wiseman, un cinéaste qui s’est souvent appliqué à brosser le portrait social des grandes institutions et surtout celles américaines ! Un film ou plutôt un documentaire pour le moins conséquent (2h30) dont le scénario serait tout simplement celui d’une chronique disons normale, habituelle et journalière, d’une bonne partie de sa population à travers une suite de séquences la montrant à l’œuvre.
Il y a là à peu près tout ce qui touche de près ou de loin à la vie d’une bourgade profonde typiquement U.S., avec son lot autant de bonheur tranquille voire paisible que de problèmes à régler afin d’essayer d’attirer du monde et ainsi stimuler sa croissance pour l’instant plutôt pépère. Entre ses champs, ses tracteurs et ses ventes aux enchères made in U.S.A., ses enclos et son bétail (essentiellement des cochons), ses rues, ses maisons et ses motards, son église, ses croyants et ses bénédictions « divines » sur fond de « tribulations et autres épreuves terrestres », son école et son haut niveau de basket passé, palmarès et coupes à l’appui, ses commerçants (le coiffeur, l’épicier, le bar, la pizzéria, le garage, le vétérinaire, sans oublier bien sûr l’armurier, indissociable de la vie aux Etats-Unis), ses vieux, ses francs-maçons et son cimetière, son orchestre et son festival local, son centre d’épuration et ses réunions d’élus du comté.
Avec pas de dialogues ou si peu, aucune musique mais de belles prises de vue et de beaux paysages bucoliques aux couleurs chatoyantes, cette (très) longue production nous montre comment vivent paisiblement des américains lambda à travers leur travail de tous les jours, leurs petites habitudes et leurs passe-temps favoris, leur forte croyance en Dieu et leurs soucis au quotidien. Rien qui ne soit réellement transcendant ou franchement passionnant, juste une vision de l’Amérique d’aujourd’hui à travers les yeux d’un réalisateur ayant posé sa caméra devant des gens on ne peut plus normaux...

C.LB