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Dieu existe, son nom est Petrunya

Sortie  le  01/05/2019  

De Teona Strugar Miteyska avec Zorica Nusheva, Labina Mitevska, Stefan Vujisic, Suad Begovski, Simeon Moni Damevski, Violeta Shapkovska et Petar Mircevski


A Stip, petite ville de Macédoine, tous les ans au mois de Janvier, le prêtre de la paroisse lance une croix de bois dans la rivière et des centaines d’hommes plongent pour l’attraper. Bonheur et prospérité sont assurés à celui qui y parvient.
Ce jour-là, Petrunya se jette à l’eau sur un coup de tête et s’empare de la croix avant tout le monde. Ses concurrents sont furieux qu’une femme ait osé participer à ce rituel. La guerre est déclarée mais Petrunya tient bon : elle a gagné sa croix, elle ne la rendra pas.


Voilà un titre de film bien curieux voire même énigmatique sur les bords ! Alors comme ça, le créateur divin serait une célibataire (limite vierge) d’une trentaine d’années, « belle mais grosse », sans véritable travail, vivant encore chez ses parents et, de plus, originaire de Macédoine ! De quoi se poser un certain nombre de questions quand à la nature réelle et profonde de ses pouvoirs ou, plutôt, de ses compétences en la matière (céleste ?), si ce n’est peut-être de pouvoir attraper la 1ère une petite croix en bois lors d’une cérémonie religieuse où ne participe que des hommes !
Il n’en suffisait pas plus pour que la jeune réalisatrice Teona Strugar Mitevska, déjà adepte de titres à rallonges (How I killed a saint – cette fois autour d’une idole céleste ! - ; Je suis de Titov Veles ; The woman who brushed off her tears ; When the day had no name), tourne d’après des faits réels cette histoire aussi rocambolesque que tarabiscotée, pour ne pas dire assez absurde sur les bords, autour d’une coutume ancestrale qui semble interdire toute présence féminine. Il faut dire que cette tradition réservée aux mâles consiste à se jeter dans une eau glacée pour s’emparer d’une petite croix « sacrée » et gagner ainsi une année dite heureuse.
Mais alors, quelles sont les motivations qui ont poussé cette jeune femme lambda à aller à la baille pour la récupérer à la barbe de tous les autres ? Allez savoir : la rendre célèbre, faire la nique aux machos du coin, casser quelque peu certaines conventions orthodoxes, un peu des 3 ? On assiste pendant 1h40 aux conséquences de ce geste plus ou moins incompréhensible considéré comme un acte de provocation délibéré par l’ensemble de la population, ainsi qu’aux réactions « délirantes » venues de cette communauté criant haut et fort au scandale (police et prêtre compris qui d’ailleurs, au passage, la menacent copieusement : honte sur elle !), et aux conséquences que cela va entraîner, le tout face à cette fille courageuse, agressée 2 fois et qui va donner un « sacré » coup de pied dans une fourmilière locale conformiste à souhait et immuable depuis beaucoup trop longtemps (on se croirait presque retourné au temps du Moyen-âge !).
Mais alors, qu’est-ce que le seigneur a à voir là-dedans, dans tout ce chambardement patriarcal, ce grabuge misogyne et ce patacaisse « folklorique » venu d’Europe de l’Est ? Tout simplement qu’un être humain, en l’occurrence ici une femme (interprétée par la formidable Zorica Nusheva omniprésente à l’écran), est capable de faire bouger les choses, des prouesses comme des miracles...

C.LB



 
 
 
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