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Les oiseaux de passage

Sortie  le  10/04/2019  

De Cristina Gallego et Ciro Guerra avec José Acosta, Camina Martinez, Jhon Narvaez, Natalia Reyes, José Vicente (IX), Greider Meza et Victor Montero


Dans les années 1970, en Colombie, une famille d'indigènes Wayuu se retrouve au coeur de la vente florissante de marijuana à la jeunesse américaine. Quand l'honneur des familles tente de résister à l'avidité des hommes, la guerre des clans devient inévitable et met en péril leurs vies, leur culture et leurs traditions ancestrales. C'est la naissance des cartels de la drogue.

Voilà un film plutôt original, voire inattendu et même surprenant venant de la part de 2 coréalisateurs (Cristina Gallego et Ciro Guerra), qui nous explique un peu comment naquirent les fameux cartels de la drogue et plus précisément au tout début, ceux de la « marihuana » en Colombie entre les années 60 et 80 : notamment chez des indigènes plus ou moins d’origine inca, très à cheval sur les traditions, coutumes et autres rituels ancestraux à respecter scrupuleusement pour ne pas dire à la lettre (la famille d’abord, les affaires après !) afin de ne pas perdre leur âme ni celles de leurs ancêtres. Inspiré de faits réels, cette fiction nous dépeint une communauté où ils sont tous cousins et cousines par alliance ou apparentés comme tel, où ils nettoient le squelette de leurs proches défunts, où ils interprètent leurs rêves comme un bon ou un mauvais présage, où la mère décide pour tous et traite des affaires ou bien des arrangements avec poigne comme si elle avait le pouvoir d’un homme, où les oncles parlent pour les autres plus jeunes et moins expérimentés qu’eux en cas de litige ou de « réparation », bref, où il faut suivre les règles sans les enfreindre !
On se croirait presque revenu au temps des westerns, avec des « indiens » qui parlent une langue authentique pas vraiment dérivée de l’espagnol (le wayuu), chapeaux et pistolets de cowboys en prime, qui dorment dans des hamacs plutôt que dans des lits (en pleine période de prospérité dite d’âge d’or et malgré une maison flambant neuve ultramoderne, ils préfèrent ce style de couchage et une maison en terre et bois rustique !), et qui finalement s’entretuent copieusement comme des marchands d’herbe pas assez rassasiés, toujours en mal d’avoir encore plus de fric, d’orgueil et de pouvoir. Et dire que cette « histoire » a commencé par une simple affaire de dot entre « cousinage » qui tourne à l’investissement particulièrement rentable voire juteux dans la contrebande de « substances illicites » avec des « gringos », des étrangers très friands de cette extraordinaire plante hallucinogène cultivée en masse !
D’ailleurs, entendre ces parrains colombiens cupides clamer haut et fort « vive la capitalisme » dans sa forme la plus pure nous fait légèrement sourire quand on connaît la suite avec le trafic de cocaïne sous l’ère, cette fois à très grande échelle, de Pablo Escobar ! Entre discussion et retour au bercail, livraison et entente « cordiale », corruption et réaction méprisable, (mauvaise) décision et issue fatale, on ne peut qu’avoir l’impression d’assister à une de ces tragédies grecques à la manière d’un documentaire on ne peut plus réaliste, semées de drames induits principalement par l’argent. On comprend mieux pourquoi ça ne peut finir pas finir autrement, chacun des protagonistes étant bien incapable de lutter contre sa propre destinée, malheureusement sans aucune échappatoire possible.....

C.LB



 
 
 
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