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Vice (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  15/09/2022  

De Adam McKay avec Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell, Sam Rockwell, Tyler Perry, Eddie Marsan, Jesse Plemons et LisaGay Hamilton (sur Ciné ° Emotion les 15 et 16/09)


Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd'hui…

Comment un « bon à rien » ou, si vous préférez, un jeune looser, de plus alcoolique et bagarreur en 1963, a-t’il pu petit à petit prendre les rennes du pouvoir en lieu et place d’un président – en l’occurrence à l’époque, George W. Bush inexpérimenté -, et ainsi devenir l’homme qui contrôle toute une nation, d’ailleurs au point d’aller déclencher une guerre dite « juteuse » en 2003 sur le simple et unique motif de faire croire à l’opinion internationale toute entière que le pays attaqué (l’Irak) est on ne peut plus néfaste voire dangereuse pour la sécurité des américains et l’équilibre mondiale ? De stagiaire au Congrès – serviteur humble et dévoué sous l’ère Nixon - à la vice-présidence – la théorie de l’exécutif unitaire (une méthode sidérante de gouvernement dictatorial) avec le fils Bush -, en passant par du consulting en marketing politique, chef de cabinet du président à la Maison blanche avec Reagan, président à la chambre des républicains puis secrétaire à la défense avec Bush père avant d’être le colistier de son rejeton, c’est tout un pan du cours de l’histoire (entre autres politique) américaine qui se joue sous nos yeux en 2h15 !
Et tout ça de la manière la plus « légale » qui soit ? Parfaitement, quand on sait contourner les lois et la Constitution U.S., déjouer les obstacles et autres manœuvres, manipuler les gens (les fameux panels marketing), avoir des alliés et des réseaux, éviter les pièges de ses adversaires (être aussi envié que craint), bref, être opportun et partout à la fois, tirant les ficelles avec une mainmise et une suprématie de décisions – et de désinformations - au sein du gouvernement américain ! Et dire que cela est vrai, est certes un peu difficile à croire mais, entre suppositions « erronées » et faits établis, impossible de ne pas trouver plusieurs corrélations fallacieuses, dites aussi de l’absurde, et certaines « convictions » désopilantes dans tous ces rouages bien huilés. Ce film est d’autant plus incroyable et redoutable que, sous le couvert d’un biopic sur fond de drames sous-jacents à l’apparence surréaliste, se cache une sorte de mascarade ultra-ambitieuse, un hold-up de convoitise du pouvoir en version étatique à très grande échelle, une démonstration en bon et du forme, sans pitié ni en force d’un homme d’état influent, cynique, puissant, impitoyable, effrayant, machiavélique, imprévisible, secret, particulièrement motivé pour diriger d’une poigne de fer par ci et prêt à tout pour faire tomber quelques têtes par là.
On doit ce résultat pour le moins brillant, étonnant et stupéfiant, autant au réalisateur et scénariste Adam McKay (Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy ; Ricky Bobby : roi du circuit ; Frangins malgré eux ; The big short – le casse du siècle : un titre déjà prémonitoire qui pourrait très bien coller ici !) et son montage rythmé, à la fois vif, presque dansant, astucieux (une totale liberté de ton) et drôle (on est parfois pas loin de la comédie grinçante - et pour cause ! -), qu’au casting 5 étoiles convaincants qui le compose (un Christian Bale – déjà présent dans The big short – à nouveau métamorphosé et donc méconnaissable en Dick Cheney à tout âge, un Steve Carell – lui aussi dans The big short ! - jubilatoire à souhait dans la peau de Donald Rumsfeld, un Sam Rockwell goguenard et juste en « gentil niais » sous les traits de George W. Bush, et une Amy Adams grandiose en épouse encourageante à poigne). Et malgré tout, dans cette accession captivante pleine d’intrigues surprenantes et de « surprises » aussi fascinantes qu’inattendues, on a comme un sentiment de honte et d’injustice qui nous tiraille, de se faire berné comme si nous étions tous les dindons de cette immense et monstrueuse farce que sont les politiques au niveau planétaire...

C.LB



 
 
 
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