The front runner

Sortie  le  16/01/2019  

De Jason Reitman avec Hugh Jackman, Vera Famiga, J.K. Simmons, Alfred Molina, Kaitlyn Dever, Ari Graynor, Molly Ephraim et Sara Paxton

L’histoire vraie de Gary Hart, un jeune sénateur promis au plus bel avenir, idole des votants américains et favori pour l’investiture Démocrate de l’élection présidentielle de 1988. Une ascension fulgurante qui fut brutalement stoppée par la révélation d’une liaison scandaleuse avec Donna Rice. Pour la première fois de l’histoire, le journalisme politique et la presse à scandale se rejoignaient, et ont provoqué la chute d’un homme politique. Ces événements ont profondément et durablement marqué la scène politique américaine et internationale.

Logan, l’éternel guerrier marginal ou, si vous préférez, Wolverine étant bel et bien mort (et enterré à ce que l’on sache aux dernières nouvelles cinématographiques !), voilà Hugh Jackman enfin libéré de ce rôle plutôt pesant à griffes rétractables et inoxydables, pour celle d’un homme politique américain aux prises avec des rumeurs allant bon train, ainsi qu’avec des gratte-papiers en quête de scoops à se mettre sous la dent ! Il n’en fallait pas plus pour que ce dernier arbore une nouvelle prestation tout aussi charismatique et prenante que la précédente citée-ci-dessus, celle réelle du plus jeune candidat, favori et faisant la course en tête lors des primaires à l’élection pour la présidence des Etats-Unis en 1988, à l’indéniable potentiel – « la présence d’un Kennedy », l’allure comprise (« l’enjeu est de se faire connaître ! ») -, retiré limite « blackboulé » lors de sa campagne suite aux révélations sur sa liaison extraconjugale pendant sa tournée de lancement.
Dans pareil cas, vous n’échapperez donc pas aux arcanes du pouvoir - vous savez, ces multiples séances de « blablablas » politiques plus ou moins compréhensibles autour d’une valse de conseillers expérimentés et « bénévoles surdiplômés » prêts à en découdre avec la partie adverse (en l’occurrence ici, le clan républicain !) -, ni à la presse en planque devant chez le candidat devenu un gibier, qui saute sur n’importe quel info même graveleuse, tant qu’elle peut en tirer quelque chose de valable !, et encore moins à la tentation « préjudiciable » d’une jeune femme qui passe par-là et qui « fout en l’air » plusieurs mois, voire plusieurs années de machine électorale.
Si vous vous attendiez à de l’action, à des retournements de situations, c’est peine perdue (surtout pour celles et ceux qui connaissent déjà l’histoire) ! Vous n’aurez droit qu’à des meetings, de la propagande et des démêlés avec son équipe de campagne (« on doit se tenir »), puis avec sa femme (excellente Vera Farmiga, vue récemment dans The passenger et La nonne), et aussi avec les questions des journaleux déchaînés, avides de vérités, entre déclarations, confessions et aveux, preuves à l’appui ! Quant à notre héros soi-disant « irréprochable », coureur et menteur qui se veut intègre et exemplaire, son souhait, c’est « recadrer le débat.... sans interrogation malvenue » !
C’est exactement le genre de film « hypocrite » dont raffolent les américains – et sûrement les autres ! -, bien voyeur dans la forme mais bien pensant dans le fond. Et le réalisateur Jason Reitman ne s’y est pas trompé, lui qui l’a déjà à plusieurs reprises démontré dans Thank you for smoking, Young adult et Men, women, & children, vision souvent peu reluisante d’une certaine mentalité humaine pour ne pas dire 100% U.S. ! En résumé, un biopic intéressant autour d’une moralité pas toujours au-dessus de tout soupçon....

C.LB