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Un amour impossible

Sortie  le  07/11/2018  

De Catherine Corsini avec Virginie Efira, Niels Schneider, Camille Berthomier, Estelle Lescure, Ambre Hasaj, Sasha Allessandri Torrès Garcia et Iliana Zabeth


À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d'une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c'est pourquoi elle se bat pour qu'à défaut de l'élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.

La réalisatrice Catherine Corsini nous a souvent habitué à des films traitant de rapports amoureux et de la sexualité côté féminin (souvenez-vous des Amoureux avec Nathalie Richard, de La répétition avec Emmanuelle Béart, de La Nouvelle Eve avec Karin Viard, ainsi que de La belle saison avec Cécile de France et Izia Higelin ?). Cette fois, elle a choisi Virginie Efira (bien loin de ces comédies habituelles) pour cette adaptation du roman de Christine Angot autour du parcours de la vie romantico/sentimentale presque entière d’une femme indépendante et persévérante depuis les années 50 jusqu’à nos jours, sur fond de passion, de malaise, de vexation et d’inceste.
Virginie Efira porte sur ses frêles épaules et son beau regard – de petite fille timide et aveuglée par l’amour (« la légèreté de la jeunesse » bien de circonstance) - ce rôle de gentille maîtresse solitaire, posée, quelque peu effacée, bafouée voire rabaissée limite abusée, puis de mère élégante, droite, blessée et humiliée avec beaucoup de dignité, pudeur, retenue et discrétion – trop parfois –, sous le joug d’un amant au-dessus de tout – venu « tirer son coup » comme on dit ! - (joué par Niels Schneider, vu dans Gemma Bovery, Diamant noir, Dalida, et dernièrement dans Le peuple et son roi), à la fois ambigu, cassant, manipulateur, pervers narcissique et goujat par-dessus le marché - genre mysogine - jusqu’à la rendre honteuse et dépressive. Bref, un long processus de démoralisation pour ne pas dire de soumission psychologique, de dominant sur dominée, avec à la clé, un verdict cinglant au final qui tombe un peu comme un couperet !
Penser que cette histoire conjugale, tendre et sensuelle mais avortée et « inévitable(ment) » touchante, passionnera les foules (ça traine en longueur ainsi qu’en banalités d’usage et autres conventions de rigueur – il ne se passe pas grand-chose d’intriguant pendant les 2 bonnes heures que dure cette production – au rythme lent, à la narration douceâtre où pas une phrase n’est plus haute qu’une autre, et à la voix off aussi monocorde que nonchalante), il y a de la marge (pas loin du fossé d’ailleurs !), mais il faut reconnaître que l’interprétation est juste, délicate et vraie (notamment Jehnny Beth de son vrai nom Camille Berthomier – aperçue dans A travers la forêt - qui incarne Chantal adulte, la fille de Rachel), plutôt poignante, pleine d’ampleur et assez proche de ce que devait « endurer » la gente féminine au milieu du 20ème siècle.
Certains diront peut-être que tout cela fait extrêmement classique, trop appliqué, fort sirupeux et même daté à l’écran, mais la vérité – ici, celle d’une certaine forme de rejet social à cette époque et encore d’actualité de nos jours - va parfois se nicher là où on ne l’attendait pas forcément...

C.LB



 
 
 
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