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Ali (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  04/12/2022  

De Michael Man avec Will Smith, Jamie Foxx, Jon Voight, Mario Van Peebles, Ron Silver, Jeffrey Wright et Mykelti Williamson (sur Canal + Grand Ecran les 04, 05 et 08/12)


Armé de son inspiration et de son génie sportif, d’une révolte intraitable et d’une foi profonde, Muhammad Ali a changé à jamais le paysage américain. Ne cédant devant rien ni personne, il a affronté la justice, les conventions, l’ordre établi et l’institution militaire, tout comme il a fait face aux poings de ses adversaires sur le ring. Ali a déchaîné et reflété les batailles de son temps et du nôtre. Derrière les exploits retentissants d’Ali, ce film dévoile aussi le cœur et la vie du boxeur, la vérité de la légende, et mieux encore, celle de l’homme. Orateur et danseur, combattant et lutteur, Ali a bouleversé le monde.

On peut vous l’assurer dès maintenant, vous êtes bien en présence de l’un des films les plus marquants, les plus poignants, les plus glorieux mais aussi les plus attendus de l'année 2002. Vous allez assister à la biographie filmée de Cassius Clay, devenu Muhammad Ali, l’un des plus grands boxeurs de tous les temps. Comme un hommage à cet homme illustre, véritablement hors norme, le film raconte son parcours depuis 1964, année où il devient champion du monde des poids lourds à 22 ans en battant Sonny Liston, jusqu’en 1974 où il reconquiert ce même titre qu’il avait gagné 10 ans plus tôt. Entre temps, il aura eu le temps de changer de nom, tout en contribuant à changer aussi le monde. Si une décision inique l’a privée de son titre pendant toute cette période, cela ne l’a pas empêché de se battre pour le reconquérir coûte que coûte en affrontant au Zaïre un boxeur plus jeune et plus fort que lui, George Foreman.
Loin de la reconstitution historique sous la forme d’un panégyrique, le réalisateur Michael Man (La forteresse noire, Le 6ème sens, Le dernier des Mohicans, Heat, Révélations) a tourné une partie de la vie d’Ali en évitant de l’idéaliser pour ne pas le dépouiller de son humanité. Sans bien sûr gommer ses nombreuses inconséquences et erreurs, Michael Man a réussit à donner en image ce qu’il y avait en lui de vrai courage et d’engagement, c’est-à-dire tout ce qu’il le mettait au-dessus des autres, à la fois comme homme et comme athlète. En cernant au plus près la vérité sur Ali, le film en dessine un portrait extraordinairement personnel où l’on partage avec lui, par exemple, sa décision de refuser l’appel sous les drapeaux, et sa rencontre avec sa première femme. On assiste à son ascension et à sa chute de son point de vue à lui et de celui de ses amis.
Pour incarner ce dieu sportif, il fallait un acteur à la hauteur et c’est Will Smith (Men in black 1 et 2, Wild wild west, La légende de Bagger Vance, Ennemi d’état, Independance day) qui a remporté le challenge. Relooké comme il se doit, sans moustache, la chevelure légèrement plus afro (par rapport à l’époque), le torse et les biceps gonflés grâce à un entraînement intensif, il s’est emparé de ce rôle comme tout athlète qui se respecte, ne vivant que pour celui qu’il devait représenter à l’écran. La transformation est saisissante, d’autant plus que cette métamorphose fut beaucoup plus profonde pour l’acteur. En effet, Will Smith s’est préparé à ce rôle un an avant le début du tournage. A part le fait d’être devenu un authentique boxeur, il a acquis les façons de parler d’Ali, ses tics de langage et ses particularités. Il est entré dans la tête d’Ali, ce qui est infiniment plus complexe que de grimper sur un ring. Il fallait qu’il arrive à assumer la multitude des personnages qui, tous ensemble, composent Ali : l’agitateur, le diplomate, le fanfaron, le rappeur avant la lettre, et bien sûr le champion du monde. Il y a de quoi être épaté par sa prestation, surtout qu’il n’est pas doublé dans le film lors des matchs. Michael Man a saisit le personnage dans sa totalité : en voyant Will Smith à l’écran, on sait ce que pensait Ali sans qu’il ait besoin d’ouvrir la bouche, on sait aussi quand il était sincère et quand il ne cherchait qu’à déstabiliser un adversaire, sur le ring ou en dehors.
Il n'est pas reparti bredouille, comme aux Golden Globes, lors de la remise des Oscars 2003. Les combats sont filmés d’une manière vertigineuse : nous sommes plongés littéralement dans chacune des rencontres comme si nous étions sur le ring avec lui. Les premières séquences sont magistralement imbriquées les unes dans les autres pour nous montrer rapidement ce qui a poussé et prédisposé Ali à devenir boxeur. Pour le comédien comme pour le réalisateur, c’est un film où les protagonistes n’avaient pas le droit de faire semblant de frapper. Will Smith ne sait pas contenter d’avoir l’air d’un boxeur, il a pensé en boxeur, mangé en boxeur, dormi en boxeur, réagi en boxeur. On voit dans ce film non pas uniquement ses combats mais aussi ses prises de position pour faire respecter la dignité des peuples du monde, quelle que soit leur couleur. Il faut savoir qu’Ali s’est battu contre le gouvernement des Etats-Unis, pour pouvoir porter un autre nom que celui de Cassius Clay, à la fois contre ceux qui voyaient dans ce nom musulman une menace, et ceux qui y voyaient un moyen de l’embrigader. Will Smith retranscrit aussi Ali à travers sa foi en Dieu et en lui-même, ses combats avec ses poings, son sentiment de révolte vis à vis des violences policières et racistes à l’encontre des luttes non-violentes contre la ségrégation raciale. Will Smith s’est littéralement identifié à Ali, au point de devenir comme lui, à la fois drôle, insolent, provocateur et à passer son temps à bousculer les conventions et à braver les autorités.
A voir Will Smith, on le croirait placer dans le même engagement spirituel qu’Ali au moment des faits : il a réussit à incarner cette forme supérieure de simplicité que dégageait Ali. On a du mal à s’imaginer tout ce que ce boxeur a dû sacrifier au nom de ses convictions, comme on a du mal à comprendre le combat qu’il a mené ensuite pour reconquérir ce dont on l’avait spolié. Ali disait : « il faut vivre et mourir en fonction de ce qu’on croit juste ; c’est une idée simple mais ce n’est pas une idée facile ». Ali a joué un rôle capital dans la lutte contre le fanatisme et l’intolérance au cours des années 60 et au début des années 70. Ali, c’était du style et de l’énergie à l’état pur ! Aussi démentiel et terrifiant que soit ce projet cinématographique, Michael Man l’a rendu aussi exaltant que possible. Il a tourné dans les lieux qui avaient une relation effective avec l’histoire authentique d’Ali. A travers chaque décor, il a retrouvé l’ambiance de l’histoire là où elle avait eu lieu. On assiste à toute une période de sa vie : sa salle d’entraînement, son gymnase, ses lieux de combats, sa maison, la boîte branchée où il est sorti avec celle qui allait devenir sa première femme, Harlem où il se promenait avec Malcolm X. Au lieu de tourner les scènes finales à Kinshasa au Zaïre, pour cause de problèmes de guerre civile, Michael Man est allé à Maputo au Mozambique pour filmer le fameux combat avec George Foreman. Cette entreprise ambitieuse, pleine d’émotions, de sensibilité et d’atmosphères, a été un véritable défi aux lois de la physique, et presque aussi incroyable que la propre histoire d’Ali.
Comme ce personnage de légende, connu et aimé partout dans le monde, Will Smith a été capable de vanter à l’écran sa boxe, sa beauté et son inspiration poétique. D’ailleurs, la réussite sportive d’Ali est largement à la hauteur de ses fanfaronnades. Il faut le voir en représentation permanente, qui exulte et qui déborde d'humour et d'intelligence, comment il contrôle son image, vantant ses propres mérites. Autour de Will Smith, on retrouve quelques pointures dans les seconds rôles comme Jamie Foxx (L’enfer du dimanche) en entraîneur, Jon Voight (Pearl Harbor, Lara Croft, Mission impossible, Ennemi d’état) en journaliste sportif, le fameux Howard Cosell, Mario Van Peebles (New Jack city) en Malcolm X, Jeffrey Wright (Basquiat, Shaft, Chevauchée avec le diable) en photographe, Jada Pinkett Smith (Matrix 2 et 3, Menace II society, Professeur Foldingue) en première femme d’Ali, et Mykelti Williamson (Forrest gump, Heat, Les rois du désert) en organisateur de combat, celui au Zaïre. Si tout le film repose sur l’interprétation et la performance de Will Smith, il ne faut pas oublier tous les autres qui lui donnent la réplique. Bref, un grand film épique, une œuvre magistrale comme on voit rarement au cinéma, qui saura à coup sûr trouver en chacun de vous cette fibre sensible et ce côté galvanisant de toute grande destinée.

C.LB



 
 
 
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