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Sans un bruit

Sortie  le  20/06/2018  

De John Krasinski avec John Krasinski, Emily Blunt, Millicent Simmonds, Noah Jupe, Cade Woodward, Leon Russom et Doris McCarthy


Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard.

Donc, comme le titre du film l’indique clairement, vous n’entendrez pas le son venant de la bouche des protagonistes ni d’ailleurs non plus dans ce thriller fantastique mâtiné de frayeur – et non d’horreur ! -, d’autant qu’ils ne doivent en aucun cas prononcer le plus petit murmure, ni échanger une seule parole entre eux et encore moins émettre le moindre bruit, sous peine d’être pris en chasse rapidement pour ne pas dire dévorer illico par des bestioles hideuses, sorte de gros monstres façon aliens mais nouvelle génération (des spécimens aveugles mais pas sourds, avec une ouïe surdéveloppée, plus de dents et des pattes démesurées, du type de celles d’une mante religieuse géante !). Bref, un silence presque complet, limite total – seuls les bruits de la nature environnante sont perceptibles – émane de cette production qui fait véritablement abstraction d’un quelconque chuchotement, grincement, grognement ou de n’importe quel autre « raffut » possible, ne laissant la place qu’au langage des signes, aux expressions faciales et aux regards significatifs pour communiquer et se comprendre les uns les autres !
En résumé, vous n’aurez que le strict minimum au niveau des dialogues, les 2/3 de ce long métrage n’ayant qu’une traduction plutôt sommaire de leurs « échanges » visuels. En revanche, côté BO, vous aurez le droit à une musique de genre bel et bien d’ambiance, tour à tour douce et grandissante, calme et angoissante, sombre et affolante. Une idée de scénario qui est loin d’être idiote mais qui, malheureusement, manque un tant soit peu de crédibilité et de cohérence narrative par moment. Si le silence, « gage de survie », est astucieux au possible pour éviter le pire – imaginez-vous un instant sans devoir dire un seul mot pendant le reste de votre vie ! -, certaines scènes comportent un grand nombre d’aberrances et autres illogismes flagrants (sans machine qui fait du bruit, comment cultiver et entretenir ces champs de maïs, produire de l’électricité pour allumer la maison et la route, et retirer toute l’eau puis sécher la cave qui vient d’être copieusement inondée ainsi que d’éviter le cri du bébé qui vient de naître, sans oublier le coup des enfants pris au piège dans un silo à grain et celui de la voiture qui dévale une pente en roue libre sans casse au final, tout en passant de la nuit au jour en un clin d’œil !).
C’est simple, un concept anxiogène efficacement assumé, savamment élaboré et astucieusement décliné à profusion, une bonne campagne marketing à grands renforts d’une bande annonce intensément énigmatique et dangereusement oppressante, et le tour est joué ! Malgré un casting qui tient assez bien la route (même isolée de tout !) - notamment Emily Blunt en mère protectrice et prête à dégommer qui en voudrait à sa progéniture dont l’une ado est née soude et muette (quelle chance pour elle !), suivi de John Krasinski, cette fois devant et derrière la caméra, et accessoirement mari de cette dernière ! -, on ne peut que constater un pitch en forme de huis clos faussement malin et sans véritable effet de surprise (souvenez-vous de tous ces longs métrages d’anticipation autour du principe de la survie en milieu hostile !), une sorte de « péril en la demeure » facilement identifiable et assez cliché sur les bords, ponctué de séquences parfois comiques (entre autres la fin) qui enlèvent toute scène d’épouvante et donc toute possibilité d’avoir peur, sauf du bruit ! Comme quoi, il est mathématiquement impossible de vivre sans faire du bruit....

C.LB



 
 
 
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