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Don’t worry, he won’t get far on foot ! (T’inquiéte pas, il n’ira pas loin à pied !)

Sortie  le  04/04/2018  

De Gus Van Sant avec Joaquin Phoenix, Jonah Hill, Rooney Mara, Jack Black, Udo Kier, Beth Ditto et Mark Webber


Même après avoir failli mourir dans un accident de la route lors d’une nuit de beuverie avec son ami Dexter, John Callahan n’a pas la moindre intention d’arrêter de boire. Il finit pourtant par suivre une cure de désintoxication, soutenu par sa compagne et un mentor charismatique, et se découvre alors un don inattendu… Il crée des dessins à l’humour noir, satirique et insolent, qui lui vaudront un succès international dès leur publication dans la presse. En dessinant, Callahan découvre une nouvelle manière de voir la vie…

C’est bien une idée américaine que de réaliser pour le cinéma une sorte de biopic qui raconte l’existence d’un dessinateur humoristique (malheureusement pour lui disparu en 2010), de surcroît presque entièrement paralysé (et cela à vie) et de plus totalement alcoolique (inscrit aux AA, les fameux Alcooliques Anonymes) ! Porter à l’écran l’histoire d’un poivrot infirme qui couche, à ses heures perdues et à travers des « gribouillis simplistes », ses impressions à la fois caustiques et satiriques sur ces semblables, doit être sacrément intéressant et de plus passionnant pour attirer le spectateur à venir voir, pendant quasiment 2 heures, le parcours plutôt chaotique et fort imbibé d’un homme arrogant, aussi marginal qu’irrévérencieux !
Heureusement, ce John Callahan est interprété par l’un des meilleurs acteurs de sa génération, Joaquin Phoenix qui semble s’être complètement investi dans ce rôle de composition, apprenant à se servir d’une chaise roulante électrique (avec laquelle il joue les Fangio sur les trottoirs, quitte à se viander souvent !), à tenter de se dépatouiller sans réellement l’aide de ses mains (juste un peu), ni de ses bras (voire à peine) et encore moins de ses pieds (et pour cause puisqu'il est tétraplégique), à essayer de dessiner - et de publier - des personnages dans des situations aussi drôles qu’incisives (lui valant d’ailleurs un grand nombre de courriers réprobateurs de la part de plusieurs lecteurs !). En plus, il s’est fait un look « décontracté » hirsute, cheveux longs couleur roux/orange et chemise à fleur ouverte, marmonnant d’une manière très « intérieure », au point de ressembler à Jeff Bridges dans The big Lebowski, voix, expressions et autres mimiques en prime.
Comment ne pas penser aussi à ces films sur un handicap physique sérieux tels que Né un 4 juillet (un vétéran, alias Tom Cruise, revenu du Vietnam en chaise roulante), Crash (les accidents de voitures), Open hearts (le côté « catalyseur de sentiments profonds et même inavouables »), Mar adentro (le principe d’être « enfermé dans son corps » sans pouvoir bouger), Intouchables (pour son approche dite comique) et, dernièrement, Stronger (le séjour à l’hôpital), sans oublier ceux qui concernent un scénario tiré d'une histoire vraie comme The sessions ou bien Larry Flynt ? C’est d’autant plus flagrant que l’on assiste également aux réunions de ces déphasés quelque peu fêlés sur les bords, du type thérapie de groupes et programme de réinsertion, ainsi que des séjours dans un centre de rééducation : bref, rien n’a été oublié, tout en bon et due forme !
Il est simplement dommage que cette suite de saynètes irrégulières, concoctées sans réelle inspiration par le cinéaste Gus Van Sant, s’éternisent un peu beaucoup, parfois assez redondantes, parfois sans grand intérêt narratif, et parfois trop bavardes. On a ici et là la très nette impression que seuls les dessins comptent, parlant suffisamment pour lui et les autres. En résumé, la présence de bons acteurs (Joe Black est, comme toujours, impayable même dans une prestation assez courte !) ne fait pas forcément un bon long métrage qui tire autant en longueur qu’en lenteur, autour d’un gars ni sympathique ni antipathique, juste bon à boire et à jouer le repenti sur le chemin de la rédemption (« tu as été affaibli pour devenir plus fort après ! »), afin de se dédouaner de son sacré penchant pour la bouteille, qui finira d’ailleurs plus ou moins par l’emporter vers d'autres cieux...

C.LB



 
 
 
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