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Nico, 1988

Sortie  le  18/04/2018  

De Susanna Nicchiarelli avec Trine Dyrholm, John Gordon Sinclair, Anamaria Marinca, Sandor Funtek, Calvin Demba et Karina Fernandez


Entre Paris, Prague, Nuremberg, Manchester, la campagne polonaise et le littoral romain, Nico, 1988 est un road movie dédié aux dernières années de Christa Päffgen, plus connue sous le nom de "Nico".

Le moins que l’on puisse dire, pardon, écrire, c’est que vous aurez bien du, voire beaucoup de mal à reconnaître Nico, la muse d’origine allemande qui officiait au sein du célèbre groupe de rock américain The Velvet Underground en tant que chanteuse (elle jouait aussi du tambourin) sur seulement 3 titres de leur tout 1er album sorti en 1967, le mythique Exploding plastic inevitable (le fameux The « banana album » produit par Andy Warhol !), ancienne mannequin devenue actrice et la petite amie d’un certain nombre d’artistes – entre autres musicaux - très connus de l’époque, sous les traits particulièrement grossis limite bouffis de le remarquable actrice danoise Trine Dyrholm (vue notamment dans Festen, En eaux troubles, Revenge, Royal affair et La communauté) qui, pour ce rôle dit « ingrat », s’est transformée en ex-star (déchue ?) sur le retour, en cette femme « culte » plutôt déphasée, assez épuisée, continuellement droguée (shootée au LSD), pas réellement décharnée mais (as)sûrement un peu épatée, gonflée par tous ces abus de « traitements » qu’elle s’infligeait !
Pas vraiment très représentative de la belle icône à ses débuts et que l’on peut ici et là entrevoir (Warhol inclus !) à travers quelques véritables images d’archives en Super 8 prises en ce temps-là, qui ponctuent et entrecoupent régulièrement, telles des souvenirs qui lui reviennent en mémoire sous la forme de flash-back plus ou moins « psychédéliques », les péripéties comme les rencontres et les trajets comme les concerts de cette interprète et parolière à la carrière dense (avec 6 albums solo !), lors de sa dernière tournée européenne (juste accompagnée par une « bande de junkies amateurs » !), quelques mois avant sa mort ! Disparue à l’âge de 49 ans après une chute de vélo à Ibiza, cette marginale à la beauté envolée ne manque pas d’attraits à l’écran, ni dans sa voix grave et sépulcrale sur fond d’une musique ambiante du style gothique (« affreuse », dixit la principale intéressée !), ni dans son comportement toxico assez instable (elle se pique à tout bout de champ et sans se cacher !) et encore moins dans son allure, les yeux très expressifs, étant encore capable de jouer le jeu et de savoir se tenir lorsque les lumières s’allument.
Elle a beau se remémorer un passé pas si éloigné que cela, ressasser de vieilles blessures d’antan, évoquer une période révolue (surtout à travers des interviews) et même parfois se « confesser » (autour des remords qu’elle a eu pour son fils qu’elle n’a pas pu ni su élever convenablement), elle n’en est pas moins un « vestige » attachant, une idole aussi touchante qu’attendrissante, surtout lorsque son manager et ses musiciens, témoins de son état physique en décrépitude, tentent de l’aider ou de la soutenir lorsque le besoin s’en fait sentir. Voilà donc un biopic parfaitement maîtrisé, sans pathos et surtout « sans langue de bois », qui fait la part belle à une égérie certes tombée en désuétude mais qui, tout de même, mais qui a marqué les esprits, continuant coûte que coûte à exercer ses talents devant un parterre de spectateurs souvent très clairsemés. C’est sans aucun doute pour toutes ses (bonnes) raisons – et cette performance d’actrice - que cette production intimiste en forme de renaissance ou, si vous préférez, de rédemption et de réhabilitation, a remporté le Prix Orizzonti du meilleur film au Festival de Venise en 2017, ainsi que le Grand Prix du Jury au dernier Festival de Cinéma Européen des Arcs.
P.S. : Dans le film, l’« héroïne » chante le titre Big in Japan (que l’on peut entendre également lors du générique de fin), un tube chanté dans les années 80 par le groupe allemand Alphaville. Ne vous méprenez pas, il n’est pas l’œuvre de Nico, même si dans la chanson, venant d’une expression anglaise, il est question de drogue où le texte fait référence à un couple victime de son addiction à l'héroïne et qui rêve de ce que serait sa vie sans cette drogue ! Tout un programme en perspective....

C.LB



 
 
 
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