en 
 
 
cinema

 
 

Hostiles (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  14/01/2024  

De Scott Cooper avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi, Jesse Plemons, Adam Beach, Rory Cochrane et Ben Foster


En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple.
Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le périlleux chemin qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus comanches qu’ils rencontrent.


L’acteur américain Christian Bale ne s’est essayé qu’une seule fois au western, c’était dans 3h10 pour Yuma sorti en 2007 : 10 ans plus tard, il recommence l’expérience avec toujours cette démarche si caractéristique – bien éloignée de celle de John Wayne ! -, cette allure de dur à cuire qui a (sur)vécu et qui est revenu de tout – la dégaine du solitaire stoïque et rude chevillée autant au corps qu’à l’âme, la rancune en plus ! - et, surtout, ce « drôle » de regard perçant qui exprime tant de sentiments à la place des mots, donnant vraiment l’impression de voir défiler dans ses yeux les drames et évènements tragiques qui ont jalonné sa vie. Et quand il ouvre la bouche, c’est pour émettre tout son ressenti haineux envers les peaux-rouges, notamment des apaches, ces « misérables sauvages » qui ont massacré tant de ses amis et bon nombre de ses soldats. Alors quand il doit escorter l’un d’entre eux, c’est avec une résignation bornée (à la limite du refus d’obtempérer et de la cour martiale), une méfiance affichée (« un bon indien est un indien mort ») et une philosophie évidente (le revenu de sa future retraite comme unique raison de son acceptation au final).
Ce film n’est rien moins qu’une sorte de road-movie bucolique à travers plusieurs états d’Amérique, entrecoupé de très beaux paysages « encore » vierges de quasiment toute civilisation, bien que sur ce dernier point, il soit remis en cause la question de leurs agissements, forfaits, injustices et autres exactions violentes commises lorsque ces hommes, loin d’être des anges, parlent entre eux de leurs faits d’armes passés (c’est à celui qui donnera le plus de détails possible !). Effectivement, la tension est palpable, au point d’ailleurs que certains, plutôt bien perturbés parce qu’ils ont fait, pêtent les plombs en cour de route, mourant seuls ou bien s’entretuant. Le principe des 10 petits nègres d’Agatha Christie semble être ici respecté à la lettre, à savoir combien survivront jusqu’au bout du voyage et arriveront à bon port sans trop de casse !
Néanmoins, cette âpre réalité de l’Ouest est assez prévisible, tout comme les réflexions existentielles de tou(te)s en pareil cas et leurs réactions plus ou moins « pertinentes » face au danger : certains protagonistes attendent la dernière minute pour tirer alors que d’autres n’ont même pas le temps de dégainer et d’approfondir leur jeu (si mince soit-il), se faisant dégommer après avoir dit seulement 2 phrases (c’est le cas de la nouvelle révélation hollywoodienne, Timothée Chalamet, vue dans Call me by your name !). On navigue ici entre Danse avec les loups (le cliché assis dans l’herbe avec des cheyennes), The revenant (comment s’en sortir dans cette nature disons « hostile » ?) et True grit (les rapports entre tout ce petit monde, séquence émotion en prime !), sur fond de psychologie ambiante, de profondeur d’esprit, de paroles et d’observations posées à tout prix, le tout d’une lenteur rarement égalée (même les chevaux marchent au pas sans discontinuer tout au long du film !).
C’est sans aucun doute l’un des westerns les plus humains, les plus sensibles, les plus introspectifs et les plus esthétiques mais aussi les plus lymphatiques (d’une durée de 2h13 exactement !) qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps, chacun(e) posant pour la « postérité » (réalisateur compris en la personne de Scott Cooper a qui l’on doit déjà Crazy heart, Les brasiers de la colère, et Strictly criminal) dans l’espoir qu’il ou elle sera retenu(e) pour une éventuelle récompense future...

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique