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- livre : Le livre d’Ebenezer Le Page de Gerald Basil Edwards aux éditions Monsieur Toussaint Louverture

le  06/10/2022  



« Un livre extraordinaire, splendide, le lire, ce n’est pas lire, c’est vivre. » — William Golding (600 pages)

Ebenezer Le Page est un être acariâtre, tenace et... charmant. À quatre-vingts ans, il a toujours vécu sur l’île de Guernesey, un coin pierreux et délicieux coincé entre l’Angleterre et la France, et un monde véritablement à part. Ebenezer lui-même est farouchement indépendant, mais alors qu’il atteint la fin de son existence, il est déterminé à raconter son histoire et celles de ceux – parents, amis, ennemis – qu’il a côtoyés, appréciés ou détestés. Il révèle des secrets de famille et de vieilles querelles, relate des amitiés inoubliables et d’autres, trahies, nous parle des amours entrevues, de celles perdues, contrariées ou désavouées, de celles qui pèchent par trop d’orgueil et qu’on cherche à faire taire, mais qui comptent tellement à la fin.

Si Le Livre d’Ebenezer Le Page est la fascinante chronique d’une vie, c’est aussi un compte rendu des traumatismes d’une époque : figurant parmi les créations littéraires les plus incroyables du XXe siècle, il raconte à la fois les hommes perdus en temps de guerres et les affres de l’Occupation, et offre un regard consterné sur l’essor du commerce et du tourisme qui grignote peu à peu le monde. Ebenezer Le Page a beau grogner, gronder, se montrer tantôt sans pitié ou dénué d’espoir, il nous livre pourtant un récit plein d’humour, de tendresse et d’humanité, qui cache en son cœur une enthousiaste, une insatiable quête de l’autre.

« Un chef d’œuvre. L’un des plus grands romans de notre époque. Je n’ai jamais lu dans la littérature moderne meilleure description du bonheur que celle qui conclut ce roman. » — The New York Times

-L’auteur : Gerald Basil Edwards naît en 1899 à Guernesey où il grandit dans une maison cossue. Il rejoint l’Angleterre lors de la Première Guerre mondiale et y reste pour étudier la littérature. Suite à la mort de sa mère en 1924, Edwards est déshérité et s’éloigne davantage de son île. Maître de conférences en littérature anglaise et art dramatique à Londres, il côtoie les cercles littéraires de la ville et se lie d’amitié avec Middleton Murry ou Annie Besant. Au magazine Adelphi, J.S. Collis l’encourage à se faire publier mais Edwards, un homme « aussi brillant que fainéant » ne parvient pas à produire de grands textes. Après avoir vécu en Europe avec sa femme et ses quatre enfants, il abandonne sa famille. Ce n’est qu’en 1967 que sa fille retrouve sa trace ; il est alors installé sur la côte du Dorset, non loin de Guernesey, où il n’a pas les moyens de retourner. Il réside chez une certaine Joan Snell, dont il deviendra proche. En 1970, il fait une rencontre déterminante. Il se lie d’amitié avec un jeune artiste londonien de 21 ans, Edward Chaney. Edwards, alors âgé de 73 ans, joue un rôle de mentor, et tous deux discutent avec enthousiasme de littérature, de politique ou de religion. Chaney découvre que le vieil homme a écrit un texte et le pousse à se faire publier. Le Livre d’Ebenezer Le Page sera assemblé et corrigé, mais la crise économique rend les éditeurs frileux. L’œuvre, qui brouille la frontière entre fiction et autobiographie, est jugée incohérente. On reproche à Edwards d’ancrer son récit sur une île méconnue du public et dans un patois trop régional, sans pour autant que son texte présente de valeur documentaire. En 1976, l’année de sa mort, Edwards demande à sa logeuse de détruire tous ses écrits, dont les premières pages du Boud’lo, suite du Livre d’Ebenezer Le Page dont il ne reste qu’un court fragment. Chaney parvient à publier le manuscrit de son ami trois ans plus tard. La réception est excellente, aussi bien au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis.



 
 
 
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