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Hors-la-loi (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  08/04/2021  

De Rachid Bouchareb avec Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila, Chafia Boudraa et Bernard Blancan (sur Ciné + Frisson les 8, 12 et 16/04)


Chassés de leur terre algérienne, 3 frères et leur mère sont séparés. Messaoud s’engage en Indochine. A Paris, Abdelkader prend la tête du mouvement pour l’Indépendance de l’Algérie, et Saïd fait fortune dans les bouges et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l’amour d’une mère, se mêlera inexorablement à celui d’une nation en lutte pour sa survie.

N’allez surtout pas croire que le réalisateur Rachid Bouchareb (Little Sénégal, Poussières de vie, Cheb, London river) s’est offert une suite à son excellent film Indigènes, sorti il y a tout juste 4 ans, même si celle-ci débute à la fin de la seconde guerre mondiale, pratiquement juste après 1945, c’est-à-dire là où se finissait Indigènes ! Loin de vouloir absolument donner un après aux pérégrinations de ces « héros » (souvenez-vous de ces soldats « africains » enrolés dans l’armée française et envoyés en première ligne), fort est de constater qu’il s’est tout simplement contenter de reprendre la quasi-totalité (sauf Samy Naceri) de son casting précédent (avec en tête Jamel Debbouze en caïd fanfaron bien peu crédible et pitre avant tout ; Roschdy Zem en ancien de l’Indochine balafré qui veut avoir bonne conscience – « je ne veux plus tuer ! » clame-t-il – mais qui ne tient jamais sa parole ; Sami Bouajila en intellectuel politique qui, quelque peu dépasser par sa tâche d’envergure – libérer son pays de ses occupants -, se refuse tout plaisir quelqu’il soit ; et Bernard Blancan en inspecteur pugnace et retors, en tout point parfait), afin de nous raconter l’histoire de 3 frères et de leur lutte acharnée pour l’Indépendance de l’Algérie jusqu’en 1962.
Vaste et imposante fresque (une possible trilogie à l’horizon ?) que celle de nous parler du FLN en France pour une décolonisation de l’Algérie (« vive l’Algérie libre » : merci le général de Gaulle !), et de nous montrer la destinée, quête certes courageuse mais pour le moins hasardeuse, de ces 3 hommes aux idéaux divergents sur fond de manifestations houleuses, dans un pays hexagonal qui ne portait pas forcément dans son cœur ces émigrés venus d’une de leurs proches colonies (ah, l’Algérie française !) afin de travailler tant bien que mal chez nous ! Mais il fallait bien que ce soient eux, chassés de leur terre ancestrale par un simple bout de papier, et non pas nous autres, qui fassent le boulot que nous ne voulions surtout pas faire ! Raison de plus pour rendre un vibrant hommage à ces exilés qui se sont battus comme ils le pouvaient (plus ou moins dignement, il faut bien le préciser !) pour des causes justes, aussi évidentes que salvatrices.
Pas besoin de polémiquer plus longtemps sur le possible négationisme ou le revisionnisme de cette grosse production historique à la sauce algérienne, ni de porter la controverse sur la réalité plus ou moins dépeinte avec exactitude des faits particulièrement complexes qui se sont déroulés en cette période trouble (et peut-être aussi bourrés d’anachronismes, allez savoir !), notamment sur la vision pas toujours très belle des moyens qui furent utilisés à l’époque (entre autres le massacre de Sétif qui fait l’ouverture du film). Voilà une image très « engagée » et bien renvoyée par ce film qui n’oublie pas tout de même au passage de faire la part belle aux gentils algériens et aux méchants français, jusqu’à charger comme il se doit ces policiers qui ont traqué sans relâche ces pauvres bandits militants, tout de même des criminels assoiffés de liberté doublés de terroristes prêts à se sacrifier pour l’Indépendance, bien déterminés à ne pas trahir la confiance du peuple algérien, afin de tenter d’instaurer au mieux l’égalité des droits et à récupérer coûte que coûte leur terre natale.
Et tant pis s’il faut passer par quelques scènes historiques assez tragiques et dites officielles, certes tout à fait représentatives des évènements qui se sont réellement passés mais au demeurant peu reluisants (sauf les décors tunisiens qui eux sont très rutilants et bien trop clean pour être totalement crédibles !), tels que les bidonvilles de Nanterre, les rafles et autres brimades d’algériens dans le métro, afin de parvenir à ses fins, celles de prouver encore une fois par A + B que tous les combats pour des idéaux ne se font pas toujours dans la facilité, ni dans la joie et encore moins dans la bonne humeur, ou plutôt, comme on dit, ne sont pas pas un long fleuve tranquille, loin de là !

C.LB



 
 
 
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