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Sicilian ghost story

Sortie  le  13/06/2018  

De Fabio Grassadonia & Antonio Piazza avec Julia Jedlikowska, Gaetano Fernandez, Corinne Musallari, Lorenzo Curcio, Vincenzo Amato, Sabine Timoteo et Filippo Luna


Dans un village sicilien aux confins d’une forêt, Giuseppe, 13 ans, disparaît. Luna, une camarade de classe, refuse la disparition du garçon dont elle est amoureuse et tente de rompre la loi du silence. Pour le retrouver, au risque de sa propre vie, elle tente de rejoindre le monde obscur où son ami est emprisonné et auquel le lac offre une mystérieuse voie d’accès.
Conte fantastique, « Sicilian Ghost Story » revisite le mythe de Roméo et Juliette dans le monde impitoyable de la mafia.


Ca commence comme une histoire sentimentale en devenir, celle d’une rencontre certes inopinée et innocente mais sincère et durable entre 2 adolescents d’une douzaine d’années issus d’un même patelin sicilien et étant ensemble dans la même classe, et ça se poursuit telle une fable onirique et horrifique, pas loin du fantastique aussi, entre imagination et réalité, apparence et certitude, rêve et vérité, le tout sur fond d’ambiances tour à tour éthérées, surnaturelles et lourdes, voire un peu pesantes limite oppressantes, comme si nos 2 jeunes « tourt(ereaux) » étaient épiés et jugés par quelques regards inquisiteurs. D’ailleurs, il suffit de voir comment leurs parents – surtout la mère de l’un d’eux, aussi froide qu’autoritaire, aussi distante que glaciale (une sorte de « Folcoche » bis, celle du livre Vipère au poing !) - les observent, les fixent, les considèrent, les traitent et leur parlent parfois durement, pour se rendre compte que tout ne se passe pas aussi bien qu’on aurait bien pu l’imaginer !
C’est qu’un mystère plane autour de cette idylle naissante, surtout après l’enlèvement de l’un des 2 enfants par des hommes de main déguisés en policiers et à la solde de quelques mafieux du coin, bien décidés à s’en servir comme monnaie d’échange afin de faire taire une bonne fois pour toute son père repenti – « ce sale traître, cet infâme » - qui parle un peu trop au goût des flics véreux et autres carabiniers corrompus. Une situation particulièrement tendue qui ne va pas empêcher l’autre, bien au contraire, de mener sa propre enquête contre vent et marée (surtout contre la fameuse « loi du silence » !), afin d’avoir des explications et de découvrir ce qu’il est advenu de son amoureux, à la fois tenace et tenant tête à qui voudrait l’empêcher d’aller jusqu’au bout de sa quête.
Il n’en fallait pas plus pour nous tenir en haleine pendant 2 heures, à la recherche de ce garçon joyeux, émouvant, décontracté, « qui est intelligent et qui l’a fait rire » (interprété par Gaetano Fernandez, fort expressif, plein d’humanité et photogénique au possible) par cette fille rebelle, mûre et déterminée (jouée par Julia Jedlikowska, au caractère affirmé, au regard soutenu et à l’expression butée : il faut voir les rapports de force qu’elle entretient avec sa maman !). Ils font tous les 2 leur premier pas devant la caméra des 2 scénaristes Fabio Grassadonia & Antonio Piazza (Salvo – 2 Prix de la Semaine de la Critique à Cannes en 2013 -) qui n’ont pas leur pareil pour installer une atmosphère intense et plus ou moins inquiétante (le script est tiré d’un fait réel violent survenu en Sicile en 1993), teintée de poésie et de romantisme ambiants (entre autres à travers leur « communication secrète et invisible », avec un soin tout particulier apporté autant à la photo qu’aux paysages), d’images troublantes (grâce notamment à des focales légèrement déformées) et d’une BO lancinante (soulignant l’absence). Alors, peut-être les 2 futurs frères Taviani, qui sait....

C.LB



 
 
 
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