La face cachée de Margo (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  30/06/2025  

De Jack Schreier avec Nat Wolff, Cara Delevingne, Halston Sage, Austin Abrams, Justice Smith et Cara Buono (les 30/06 + 01, 03 et 04/07)

D’après le best-seller de John Green, La face cachée de Margo est l’histoire de Quentin et de Margo, sa voisine énigmatique, qui aimait tant les mystères qu’elle en est devenue un. Après l’avoir entraîné avec elle toute la nuit dans une expédition vengeresse à travers leur ville, Margo disparaît subitement – laissant derrière elle des indices qu’il devra déchiffrer. Sa recherche entraîne Quentin et sa bande de copains dans une aventure exaltante à la fois drôle et émouvante. Pour trouver Margo, Quentin va devoir découvrir le vrai sens de l’amitié… et de l’amour.

Il était évident que le succès des productions cinématographiques s’adressant à des spectateurs dit « avertis » – en l’occurrence plutôt jeunes – allait entraîner un certain nombre de nouvelles adaptations littéraires à l’écran, tirées de romans destinés en général à un public ado, friand d’histoires romantiques avec des références bien « connectées » et des dialogues les concernant tout particulièrement. Après la réussite de Nos étoiles contraires, voilà que son auteur John Green se voit une nouvelle fois en haut de l’affiche avec la mise en scène d’un autre de ses livres, La face cachée de Margo, un méli-mélo pas banal, d’un genre nouveau, qui mixe sentiments amoureux et enquête « policière » sous forme de jeu de piste, le tout sur fond d’amitié et d’émancipation. La seule originalité, pardon, singularité réside dans le fait que ces collégiens plus ou moins exaltés se prennent pour des détectives en herbe qui mènent leur quête « obsédante », entre observations et investigations, soit depuis chez eux, soit confortablement assis dans la voiture de l’un de leurs parents.
C’est que cette jeunesse « dorée » et bien élevée, qui vit dans sa bulle, n’a pas trop de soucis à se faire pour son avenir quasiment tout tracé, d’autant plus qu’ils sont tous de bons élèves, jamais absents de leurs cours et à coup sûr bientôt diplômés afin d’entrer dans la fac de leur choix. Quoi qu’il en soit, une fille rebelle très garçon manqué, considérée comme « à part, exceptionnelle et mystérieuse » - interprétée par le mannequin Cara Delevingne dont c’est ici le premier grand rôle (elle a déjà fait quelques courtes prestations, notamment dans le film Anna Karénine) -, va tenter de secouer, voire chambouler tout ce petit monde « protégé » pour attirer l’attention sur elle et leur permettre ainsi de grandir, voire de se révéler, bref, de passer à l’âge adulte. Et pour cela, ils devront franchir plusieurs étapes successives, entre blâmes, représailles et châtiments – en résumé, des trucs « politiquement correct » -, histoire de marquer ses beaux esprits de « souvenirs inoubliables » pendant toute leur vie.
Ne vous attendez tout de même pas à une grande « éclate » d’enfer, à la manière du parcours du combattant ou alors façon « teen(agers) movies », comme on a pu plusieurs fois le voir dans des films tels que Sex academy, American pie, Kids ou bien encore Projet X, c’est plutôt ici du type The breakfast club, avec des sujets de conversations certes parfois plats et toujours centrés autour des filles et de leur jolie « physionomie », ainsi que du bal de fin d’année scolaire qui approche, mais un peu plus mâtures que d’habitude, à travers des conseils réfléchis autour du dépassement de soi, du genre « Prends des risques ! » ou alors « Prends ta vie en main ! », à grands renforts de messages instructifs plus ou moins « psychologiques », plus quelques métaphores en prime, le tout sur fond d’une belle BO branchée pop/rock (HAIM, Vampire Weekend, Saint Motel, Grouplove,...) !
Néanmoins, ne boudons pas cette réalisation à la fois complexe et intelligente, ouverte au monde – surtout à celui des jeunes d’aujourd’hui -, aux allures de mission pour ne pas dire de voyage initiatique style « road trip » à une période charnière pour les ados, un moyen comme un autre « d’entretenir – avec prudence - le mythe » individuel et profond de leur image identitaire, de leur changement hormonal, de leur évolution indépendante, de leur libération morale et, enfin, de leur délivrance face aux préjugés...

C.LB