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Noé (sur OCS)
Sortie
le 19/06/2025
De Darren Aronofsky avec Russell Crowe, Jennifer Connelly, Ray Winstone, Emma Watson, Anthony Hopkins et Logan Leman (les 19, 22, 23, 25 et 30/06 + 02 et 03/07)
Oscar du meilleur acteur, Russell Crowe est Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.
En adaptant librement un épisode non négligeable de la Genèse, quel message particulier et personnelle - à part celui écolo - a voulu nous délivrer, voire nous transmettre le brillant réalisateur Darren Aronofsky (Pi ; Requiem for a dream ; The fountain ; The wrestler ; Black swan), et cela à travers des images saisissantes de beauté et traitées de manière plutôt assez originales ? Qu’a-t’il voulu faire passer en filmant des paysages aussi fabuleux les uns que les autres dans des lieux et décors certes primitifs et même très singuliers (en Islande) mais néanmoins d’une rare splendeur visuelle, et surtout nous prouver en tournant toutes ces visions impressionnantes de véracité ainsi que tous ces mirages fulgurants à la portée poétique et prophétique non-dissimulée ? Sans doute une foi indéfectible ou une illumination aussi soudaine que fantas(ti)que qu’il l’a poussé à mettre en scène un pareil déluge, autant fatal pour l’homme, si l’on se réfère bien sûr au mythe de la création du monde, que d’effets spéciaux pour le moins détonants. Car pour traiter d’un tel sujet, il a bien fallu que Darren invente tout un univers fidèle à l’histoire originelle de Noé autour de son aventure épique particulièrement mouvementée, lui qui entend des voix (« le Créateur va détruire le monde »), tout en respectant « à la lettre » les nombreux indices contenus dans la Bible -, et qu’il imagine les différents évènements qui ont jalonné le parcours de ce fils de Seth, (et petit-fils d’Adam), afin qu’il construise une arche pour « sauver les innocents – tout animal qui rampe, ondule et glisse – avant de rebâtir un monde meilleur puisque l’homme a trahi le Créateur ». Un sacré chantier en perspective qui ne semble pas l’avoir effrayé plus que cela, se permettant ainsi de prendre quelques libertés « inédites » à la fois visuelles et scénaristiques – comment faire autrement ? – vis-à-vis d’un certain nombre d’éléments qui jalonnent l’ensemble du film. On passera donc sous silence (mais pas par écrit) quelques invraisemblances pour l’époque du style avoir des habits en jeans, des armes à feu et un couteau du type commando, porter des cuirasses, découvrir de drôles d’espèces animales modifiées (des créatures réalisées en images de synthèse), boire du thé (c’est bien une idée d’américain que d’avoir placé dans la bouche de l’un des acteurs anglais 2 fois le mot thé !), et enfin se faire aider par des géants de pierre (appelés les Veilleurs) du genre Transformers, qui n’existent évidemment pas dans le récit biblique. N’ayant aucun autre moyen probant ni tangible de visualiser ce qui s’est réellement passé à cette période très reculée de l’Histoire – et pour cause ! -, il a bien fallu concevoir toute une imagerie telle que par exemple une version de l’enfer sur Terre à travers notamment celui mélangé décrit par Dante et peint par Bruegel – ainsi qu’une ménagerie par la même occasion – aussi plausible et crédible que possible. Malgré un vol d’oiseaux incrustés trop « mécanique » pour paraître vraisemblable, et l’arrivée assez inopinée de la fameuse colombe de la paix un brin de rameau d’olivier placé dans le bec, on oubliera vite certains « clichés » pour se focaliser sur les personnages plus ou moins « habités », que ce soit Russell Crowe qui reprend du service un peu dans l’esprit de Gladiator (d’autant que c’est le même scénariste John Logan qui officie ici aussi !) et passant par toute une gamme de tignasses différentes, Jennifer Connelly très poignante, Ray Winstone (Les infiltrés ; Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal ; Hors de contrôle ; Blanche-Neige et le chasseur) méconnaissable en despotique fils de Caïn (« le temps de la beauté est passé, la méchanceté commence ! »), Emma Watson toujours très juvénile, et Anthony Hopkins aussi âgé que le rôle qu’il incarne ici (d’où l’expression « vieux comme Mathusalem », terme hébreu qui signifie « celui qui a congédié la mort » : on a d’ailleurs la preuve flagrante à l’écran !). Bref, un mélodrame ancestral profondément noir et assez obscur, ou si vous préférez un péplum à grand spectacle plutôt spectaculaire et un peu dingue, aussi marquant qu’intense, d’une portée psychologique extrême très évidente mais pas vraiment destiné à un large public de par sa dimension quelque peu onirique pas franchement appréciée par n’importe quel « commun des mortels » que nous sommes tous en réalité....
C.LB
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