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Situation amoureuse : c’est compliqué (sur Canal+ Grand Ecran)

Sortie  le  18/06/2025  

De Manu Payet et Rodolphe Lauga avec Manu Payet, Emmanuelle Chriqui, Anaïs Demoustier, Philippe Duquesne, Jean-François Cayrey et Jean-Charles Clichet (les 18 et 22/06)


À 30 ans, Ben est sur le point d'épouser Juliette. Sa petite vie tranquille et sans danger va basculer lorsqu'il retombe sur la personne qu'il a secrètement le plus envie de revoir : Vanessa, la bombe du lycée qui ne l'avait jamais regardé. Elle est de retour à Paris et ne connaît, aujourd'hui, que lui…

On ne devrait pas être « à la fois » devant et derrière la caméra pour jouer et réaliser un premier film que l’on a d’ailleurs mis 3 ans à écrire (que de temps !), d’autant plus si c’est une comédie (pas franchement drôle !) et de plus sentimentale, encore moins quand on est sensé être deux pour cela (secondé par le cadreur Rodolphe Lauga, rencontré sur le film Radiostars), et surtout pas quand on a si peu d’expériences derrière soi (puisque c’est un premier long métrage). Bref, l’humoriste et acteur Manu Payet (Comme t’y es belle ; RTT ; Tout ce qui brille ; L’amour, c’est mieux à deux ; Radiostars) s’est quelque peu planté, on pourrait dire même en beauté, dans sa mise en scène et son scénario, inspiré de l’un de ses souvenirs anecdotiques d’enfance ou du moins lorsqu’il fantasmait sur l’une de ses camarades de classe au lycée.
Ce n’est pas parce qu’on a décidé de porter à l’écran une vague histoire romantique autour d’hésitations et de remise en cause devant 2 filles à quelques jours de son mariage, qu’il faut s’imaginer que l’on a pondu La comédie de l’année ou du moins du moment. Encore faut-il éviter de mettre bout à bout une suite de sketches sans goût ni saveur avec des dialogues aussi futiles que prévisibles (que de blablas insipides, mon dieu !), ainsi que des gags appuyés qui tombent souvent à l’eau, le tout à travers des saynètes peu rythmées, trop soulignées, voire chargés pour ne pas dire lourdingues, interprétées par un casting qui surjoue presque en totale roue libre !
Nous sommes en présence d’un film dit générationnel qui n’en est pas vraiment un, s’adressant plus à une cible d’adultes qu’à celle d’ados, concernant directement les hommes encore célibataires et considérés comme tels, pleutres et irresponsables face notamment à une bêcheuse tendance « pétasse » particulièrement bien « gaulée » (la canadienne Emmanuelle Chriqui, vue entre autres dans Rien que pour vos cheveux et dans des séries télévisées – The mentalist -) autour de laquelle on a flashé plus jeune et sur laquelle on continue à faire une fixette 15 ans après. On ne vous parlera pas des plans « ultra relou » ni des quiproquos « en-veux-tu-en-voilà » et encore moins des mensonges « gros comme çà » et autres clins d’œil éhontés qui peuvent venir soi-disant « égayer » cette « touchante » production au demeurant fort d’actualité (la version féminine intitulée Les gazelles sort à seulement une semaine d’intervalle).
Manu Gayet s’est certainement fait beaucoup plaisir ici mais n’a malheureusement pas su assez tirer profit des nombreuses situations - plutôt « mal écrites » et pas très originales - qui se présentaient à lui et au travers desquels il désirait nous emmener. Il a surtout voulu se donner bonne conscience en ne voulant pas (trop) interpréter le petit péteux qu’il se la joue un max (il l’a refilé le « bébé » à Jean-François Cayrey, aperçu dans La planque, Intouchables, Comme des frères et Vive la France, parfaitement à l’aise dans la peau du pote beauf avec un cœur gros comme çà), se donnant le beau rôle de l’image de l’homme d’aujourd’hui, c’est-à-dire à la fois timide, veule, décalé et naïf, en un mot attachant, à qui l’on pardonne (presque) tout - surtout à l’écran -, aimant par exemple les chansons de Jean-Jacques Goldman de façon répétée (il n’a pas été animateur de radio pour rien !), s’octroyant même des moments de lâcheté propres à tout mec de son âge qui se respecte et qui balise lorsqu’il faut à un moment ou à un autre de sa vie passer le pas et devenir enfin adulte. « Dans l’échec, il trouve la force de faire des vannes », lui lance l’un de ses amis : voilà donc une phrase à méditer sur le devenir d’un genre cinématographique revu et corrigé qui perd petit à petit en teneur et surtout en impact, malgré le fait d’avoir pourtant remporté le Grand prix du film à l’Alpe d’Huez !

C.LB



 
 
 
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