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Nuremberg
Sortie
le 28/01/2026
De James Vanderbilt avec Russell Crowe, Rami Malek, Michael Shannon, Richard E. Grant, Leo Woodall, John Slattery et Lydia Peckham
NUREMBERG nous plonge au cœur du procès historique intenté par les Alliés après la chute du régime nazi en 1945. Le psychiatre américain Douglas Kelley est chargé d’évaluer la santé mentale des hauts dignitaires nazis afin de déterminer s’ils sont aptes à être jugés pour leurs crimes de guerre. Mais face à Hermann Göring, bras droit d’Hitler et manipulateur hors pair, Kelley se retrouve pris dans une bataille psychologique aussi fascinante que terrifiante.
A la question, fallait-il faire un film sur le procès historique de Nuremberg ? – d’où le titre ! -, oui, mille fois oui car l’Histoire doit être d’une manière ou d’une autre racontée dans ses moindres détails, même si on se laisse aller parfois à prendre quelques légères libertés sur ce qui s’est réellement passé, d’autant plus que les jeunes générations ont tendance à oublier – ou à ne pas connaître – ce qui s’est déroulé il y a de cela 80 ans. On ne peut évidemment pas passer sous silence ce que ce procès a déclenché dans le monde entier, une première autour des crimes commis contre la paix mondiale. Et d’avoir dans le box des accusés, face aux juges, parmi les plus importants responsables et hauts dignitaires du 3ème Reich, excepté Hitler « parti en fumée ». A la question, le casting est-il à la hauteur de cet ambitieuse reconstitution de 2h25, tirée du livre Le nazi et le psychiatre de Jack El-Hai ? La réponse est disons mitigée. Si Russell Crowe, dans la peau d’un Göring narcissique, nazi aussi machiavélique que vaniteux, aussi cynique que déroutant, prouve encore une fois qu’il est un très grand acteur malgré ses derniers choix plutôt douteux, Rami Malek est moins persuasif voire convaincant sous les traits d’un militaire médecin-psychiatre à la fois (trop) décontracté et (un tantinet) désinvolte, se la jouant beau parleur malgré l’extrême gravité de la situation. S’il essaye d’évaluer et de garantir la santé mentale de ses « patients » tous commandants en chef (une vingtaine au moins !), il n’a malheureusement ni l’étoffe ni la carrure et encore moins l’épaisseur de son interlocuteur principal, un « client » dont il étudie le profil tout en gagnant sa confiance mais qui, en fin manipulateur, va avoir l’ascendant sur lui. A la question, le cinéaste James Vanderbilt (scénariste notamment de Wedding nightmare, Ambulance, Abigail, et Fountain of youth), se devait-il de réaliser, après un premier long-métrage intitulé Truth – le prix de la vérité – passé presque inaperçu, cette « fresque historique » de cette ampleur et de cette façon ? Certes, le résultat est probant, esthétique et académique à souhait, très bavard avec quelques rares bons mots (« Le Monde doit savoir ce que ces hommes ont fait »), retranscrit fidèlement sur fond d’images d’archives à l’appui pour crédibiliser l’ensemble. Mais il manque sans aucun doute la patte et la trempe d’un grand metteur en scène, de par un scénario sans surprise (« ce procès est une tribune pour s’exprimer et Göring les attend tous ! ») et une narration parfaitement linéaire et sans émotion, où la description du mal se borne à de petites phrases toutes faites, bien lisses et assez stéréotypées (« cette guerre finira avec ce procès »). Néanmoins, c’est une œuvre nécessaire et instructive sans être une « référence » en la matière, même si elle n’intéressera pas forcément tous les publics qui vont au cinéma et qui attendent à en voir toujours plus. Pourtant, elle recèle des passages poignants (les images vraies de plusieurs camps de concentration libérés par les américains) et des moments forts (les échanges verbaux intenses entre les 2 principaux protagonistes du film). Un travail pas toujours approfondi mais on ne peut plus correct limite scolaire qui devrait malgré tout être projeté aux plus jeunes, peu sensibilisés à ce qui est trop vieux pour eux et qu’ils considèrent un peu comme de « la préhistoire » !
C.LB
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