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Bouvard et Pécuchet (jusqu’au 8 janvier 2026)
le 27/11/2025
au
théâtre de Poche Montparnasse, 75 boulevard du Montparnasse 75006 Paris (du mardi au jeudi à 19h)
Mise en scène de Géraud Bénech avec Marc Chouppard et Jean-Paul Farré écrit par de Gustave Flaubert (adaptation de Marc Chouppart et Géraud Bénech)
Deux sortes de clowns venus du XIXème siècle. L’un est petit à chapeau melon, l’autre grand à chapeau claque, et tous deux portent guêtres et gilet. Ces deux petits employés de bureau se rencontrent au hasard, se découvrent des affinités dans leur peu de goût au travail ainsi que leurs parcours personnels et professionnels chaotiques. Et ils deviennent amis. A l’occasion d’un héritage, Bouvard et Pécuchet - ce sont leurs noms - décident de jouer les néo-ruraux en déménageant de Paris vers Chatignolles, dans une ferme de 38 hectares où ils vont élever leur incompétence au niveau d’un art. Car avec eux, rien ne marche, tout périclite : même s’ils prennent des cours d’agriculture chez Monsieur Le Comte, et s’enthousiasment comme des enfants devant l’éclosion de leurs premières plantations, ça ne dure pas : Bouvard et Pécuchet sont de piètres agriculteurs, de mauvais éleveurs, et des météorologues sans talent. Et pourtant, ils travaillent, ils étudient, plongeant sans fin dans les livres à la recherche d’un savoir qu’ils ne parviennent pas à comprendre ni mettre en pratique. Naïfs découvreurs de la connaissance qu’ils ingurgitent sans l’analyser, ils sont emblématiques de leur siècle. Même la société des notables de la ville finit par leur rire au nez à l’issue d’une pathétique et prétentieuse crémaillère. La laideur de ce que leurs invités découvrent ne fait que mettre en lumière leur goût atroce en termes de décoration et d’aménagement des espaces. Et finalement, ce sont des clowns tristes qui font le constat de leurs échecs. Mais bientôt, les personnages cèdent leur place et les comédiens parlent en auteur : c’est Gustave Flaubert qui prend la parole car l’œuvre le submerge : « leur bêtise est la mienne, et j’en crève ». Il faut dire que pour rédiger ce monument à la gloire de la bêtise, Flaubert avait absorbé près de 1500 volumes et avait accumulé un nombre de notes incalculable. Il ne parviendra pas à achever la saga « Bouvard et Pécuchet » et c’est à sa table de travail qu’il décédera en 1880, huit ans après en avoir commencé la rédaction. Marc Chouppart, qui est également sur scène, et Géraud Bénech ont entrepris d’adapter l’ouvrage de Flaubert, en s’adjoignant la présence de Jean-Paul Farré au jeu. Cela donne un court spectacle réussi, à la facture classique, ce qui n’étonnera pas, dans un lieu, le Poche Montparnasse, où un public fidèle aime à redécouvrir ses classiques.
Eric Dotter
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