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Jacques et Chirac (jusqu’au 17 décembre)

le  05/11/2025   au théâtre du Splendid, 48 rue du faubourg Saint-Martin 75010 Paris (mercredi à 19h)

Mise en scène de Marc Pistolesi avec Régis Vlachos, Marc Pistolesi et Charlotte Zlotto écrit par Régis Vlachos




Ah, « cette passion que nous avons tous pour Jacques » ! Jacques, mais oui, Chirac, le seul Jacques qui puisse faire l’objet d’une revue décapante et néanmoins historique. La voici, cette revue décapante, une pièce, du nom de « Jacques et Chirac ». Régis Vlachos, son auteur et sa chouette bande de comédiens, entreprend pour la troisième année consécutive de faire le tour de son sujet, « Menteur comme personne et gargantuesque, Jacques Chirac est un être complexe », se plait à décrire l’auteur dans la note d’intention de son spectacle.
Voici donc, l’ancien président, déboulant tel un tribun depuis le fond de la salle sur la scène du Splendid, appelant les bravos de ses longs bras. Nous sommes à la veille des élections de 1981, qu’il perdra contre Mitterrand, n’atteignant même pas le second tour. Mais bientôt, la machine à remonter le temps démarre : on découvre un Chirac en vacances avec sa mère, en Corrèze, déjà. Puis voici un Chirac étudiant, vendant l’Humanité et clamant son encadrement à gauche devant Rocard, son copain à l’ENA. Une fois finies les études, il faudra trouver une épouse, « une femme qui sait être une femme en restant à la maison », comme dit sa mère. Elle s’appelle Bernadette. Puis un bon métier : « on va te faire rentrer comme conseiller au gouvernement », dit son parrain qui porte le précieux patronyme de Marcel Dassault, avionneur, marchand d’armes et accessoirement porteur de mallettes bien remplies.
Chirac a officié de 1962 à 2005 et, de député à maire de Paris, de ministre à premier ministre puis président de la République, il y a peu de hautes fonctions auxquelles il n’a pas gouté. Malgré son entourage parfois peu fréquentable, mélangeant hommes d’affaires, dictateurs et conseillers de l’ombre, malgré ses revirements incessants, malgré ses mensonges permanents, là où Chirac agace, Jacques séduit, en étant proches des gens, mais pas seulement : « les vaches ne votent pas, mais je les aime », dit ainsi celui qui était connu pour flatter la croupe des bovins. De son dilettantisme, il ne fait pas mystère : « j’ai été élu en ne faisant rien, alors en ne faisant rien, je ne vais déplaire à personne ».
Autour de Régis Vlachos, incarnant plus qu’imitant Chirac avec une drôlerie totale, Charlotte Zlotto et Marc Pistolesi se partagent vingt autres rôles incarnant tour à tour Sarkozy, l’inénarrable Pasqua, ou évoquant de quelques accessoires le « parrain » Dassault. C’est mené à 100 à l’heure et le décor fort ingénieux permet l’utilisation de la vidéo qui recontextualise et complète fort intelligemment le jeu des comédiens.
C’est bien écrit et sans temps mort. La salle est souvent hilare. Et la pièce prend souvent le soin de rappeler les faits historiques que le spectateur oublieux ou trop jeune aurait pu négliger. Ca fonctionne car chacun des comédiens est exactement dans son personnage. Au-delà d’un homme politique, Chirac était en effet un personnage. Avec « Jacques et Chirac, la preuve est faite que c’est aussi un personnage de théâtre.

Eric Dotter



 
 
 
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