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Bigre ! (jusqu’au 4 janvier 2026)

le  05/11/2025   au théâtre de l’Atelier, 1 place Charles Dullin 75018 Paris (du mercredi au samedi à 21h et dimanche à 16h)

Mise en scène de Pierre Guillois avec Pierre Guillois ou Bruno Fleury, Agathe L’Huillier ou éléonore Auzou-Connes ou Anne Cressent, et Jonathan Pinto-Rocha ou Olivier Martin-Salvan ou Pierre Delage écrit par Pierre Guillois (co-écrit avec Olivier Martin-Salvan et Agathe L’Huillier)




Sous les toits, 3 chambres de bonnes mitoyennes alignées, collées les unes aux autres, la première impersonnelle, immaculée de blancheur sans aucune décoration intérieure, la seconde tout son contraire genre débarras où s’empile cartons et objets hétéroclites, et la dernière plutôt traditionnelle, propreté et bien rangée. Dans chacune d’entre elles, un locataire à l’image de leur habitacle respectif qui s’active à son rythme : un homme corpulent et maniéré soucieux de sa propreté, celui d’à côté, un bobo fluet et débonnaire style écolo, et celle d’après, une femme réservée et pulpeuse aussi extravagante que maladroite. Et ses 3 voisins plutôt disparates vont tenter de vivre tant bien que mal, l’un après l’autre, à deux ou alors tous ensemble, leur existence quotidienne entre promiscuité et répulsion, attirance et coup de gueule. Bref, des tranches de vie sous un œil totalement risible.
Un spectacle sans un mot – en réalité juste un seul ! -, sans une parole engagée, sans un dialogue échangé pendant presque 1h20, ça a de quoi en intriguer plus d’un.e mais c’est à saluer car voilà une performance rare en ces temps de remplissage verbal sur scène. Ici, pas la peine d’émettre le moindre propos puisque tout passe par le gestuel corporel, les expressions faciales et autres attitudes humaines. C’est comme du mime clownesque sans le côté particulièrement appuyé, voire outrageusement souligné, et cela à travers des saynètes romantico-comiques très synchronisées qui décortiques nos travers, nos défauts et nos ratés de manière toujours bien vue mais jamais vulgaire.
On retrouve d’ailleurs un peu l’esprit du clown russe Slava et aussi l’ambiance loufoque des films du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki, cette façon d’exprimer des choses sans se sentir obliger de prononcer une phrase. C’est une réussite complète sans aucun temps mort qui défile sous nos yeux à un rythme soutenu : il faut avoir le regard bien concentré pour ne pas louper toutes les idées qui fusent à chaque prestation. Et dire que ce spectacle fantaisiste, à la fois irrésistible, détonnant et attachant, d’une technicité probante, d’une efficacité hors paire et d’un grand rire salvateur, existe depuis 2017, remportant au passage et à juste titre le Molière de la comédie cette même année.

C.LB



 
 
 
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