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« InConstance (jusqu’au 7 décembre)

le  25/10/2025   au théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins 75008 Paris (samedi et dimanche à 19h)

Mise en scène de Eric Chantelauze avec Constance écrit par Constance et Pascal Duclermortier




Lorsque Constance apparait sur scène, c’est une acclamation d’un public fan qui l’accueille : « vous êtes un public intelligent, à mon image. Vous êtes tous beaux, j’ai envie de vous empailler ». La note est donnée et le style placé en quelques secondes : Constance alterne caresses et uppercut dans un style inimitable et, en une seule phrase… Mais est-ce vraiment aussi simple que cela ? Non, car Constance revient de loin. Elle a bien failli d’ailleurs ne jamais revenir de ce pot noir où le burn-out l’avait enfermée.
Celle qui n’avait qu’un prénom de scène s’est soudain vue transformée en patiente d’un hôpital psychiatrique : Constance coule et c’est Constance Pittard, de son nom complet, qui est internée dans un hôpital psychiatrique. Dans une forme de résilience et de nécessité du comique, c’est cet épisode dramatique dont la comédienne entreprend de rire, et de nous faire rire dans « Inconstance ».
Depuis le refus : « je n’ai pas le temps de faire un burn-out ! », jusqu’à la galerie hilarante des praticiens et patients de la clinique psychiatrique où elle a été internée, la comédienne ne nous épargne rien de son parcours marqué par quatre tentatives de suicide et par son long cheminement avant le retour vers les lumières de la scène. Jamais le rire n’est grinçant, jamais l’émotion n’est feinte et Constance réussit à merveille ce funambulisme sur le fil de la narration.
Dans cette traversée de l’enfer, Constance n’est jamais seule. Il y a les pompiers qui viennent la récupérer chez elle, intoxiquée par les médicaments avant son internement. Il y a aussi ses voisins de maladie : Damien, le crade de la bibliothèque, sa copine nymphomane de l’aquagym… Il y a aussi les soignants, plus au moins délicats, le prof d’Aquagym, Marie-Ange, la prof d’art thérapie. Toute une galerie défile ainsi par le seul talent de Constance, qui tient avec rigueur ses personnages.
Peu ou pas d’accessoires, juste une simple chaise et un immense tableau, sorte de paysage à la De Staël. Pas besoin de plus pour soutenir le grand talent de jeu et d’écriture de Constance (qui a écrit son spectacle avec Pascal Duclermortier). On a envie de rassurer ici celles et ceux que le thème risquerait d’effrayer : Constance reste elle-même, plus que jamais : une femme plus forte, une femme drôle, une femme enfin, qui, après nous avoir ballottés entre rires et émotion, peut enfin nous dire à quel point il faut faire attention « à ceux qui se noient et que l’on ne voit pas »

Eric Dotter



 
 
 
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