|  |    Ca va chauffer ! (jusqu’au 3 janvier 2026) 
 le  16/10/2025   
						  au
						  sein de la Scène parisienne, 34 rue Richer, 75009 Paris (du mercredi au samedi à 19h30 sauf le 24/10)
 
 Mise en scène de Jean-Luc Moreau avec Aude Lener, Juliette Poissonnier, Emmanuel Donzella, Olivier Yéni et Benjamin Bollen écrit par Sylvie Audcoeur, Bruno Chapelle et Olivier Yéni
 
 
 
 Lors de l’installation des spectateurs, deux amies dans le public échangent : « ne riez pas trop fort », dit l‘une ; » « on va rire, on va rire », répond l’autre, sûres toutes deux que la promesse de cette comédie sur fond de querelles écologiques sera tenue. Le rideau s’ouvre donc sur un double décor : à gauche, scène 1, Nicolas, DRH, dans son bureau de l’entreprise Jacky Dufour, société de transport routier. Alors, bien sûr, il est contre le projet de ce tunnel de ferroutage soutenu par les écolos : « nos camions, il faut qu’ils roulent, pas qu’ils montent sur un train ». Scène 2, la partie droite du plateau s’éclaire découvrant le décor en panneaux peints d’un vieil immeuble parisien délabré.
 On est au cœur de l’intrigue : Géraldine, qui vient de reprendre ses études (à un âge apparemment plus qu’adulte), accompagnée de Jean-Philippe son mentor, tentent de rencontrer la propriétaire du bâtiment pour la convaincre de vendre et d’effectuer des travaux de rénovation thermique susceptibles de générer de lucratives aides. On l’a compris, eux, c’est le clan des écolos qu’ils défendent, enfin de ceux qui chassent la subvention. Entre Géraldine, l’étudiante consciencieuse, et Jean-Philippe, son directeur de mémoire, le courant passe bien, trop bien d’ailleurs au goût de Nicolas, son mari. Mari qui bien sûr est un fervent contempteur de l’écologie et des écologistes.
 En revanche, il y en a une que les manières de vieux beau ne séduisent pas du tout, c’est Agnès la propriétaire : elle refuse obstinément et agressivement de vendre et déteste cordialement Jean-Philippe mais en pince pour Nicolas : « vous, vous êtes beau, vous êtes très beau, si vous voulez me tripoter je duis d’accord », dit-elle ainsi finement, dirigeant ses mains vers le pubis du monsieur. Mais étrange, Agnès qui est le plus souvent fort agressive, est parfois soudainement avenante… Bon sang, mais c’est bien sûr, Agnès a une sœur jumelle, qui elle-même fricote avec Kevin, le jeune voisin du 2ème.
 A la lecture de l’intrigue, on comprend qu’il s’agit là des habits neufs d’une classique comédie de boulevard. Sur fond de lutte entre écolos et vilains défenseurs du trafic poids lourds, c’est en fait une bonne vieille pantalonnade qui nous est offerte. Une comédie rassemblant en un seul texte (bâclé) nombre des ressorts qui devraient automatiquement provoquer le rire. Alors, justement, nos deux spectatrices évoquées plus haut, ont-elles ri ? Hélas non. Si elles ont bien suivi l’intrigue poussive et mal ficelée, elles n’ont pu être que navrées du jeu feignant des comédiens apparemment rodés à l’exercice et qui semblent plus mus par l’habitude que par la volonté de défendre leurs personnages.
 On épargnera cependant Juliette Poissonnier, la comédienne incarnant le double rôle d’Agnès et sa sœur jumelle Alexandra. On lui est reconnaissant du mal qu’elle se donne pour que cette plate comédie existe. Malgré ses efforts, ça ne décolle pas et l’ennui le dispute à l’agacement devant cette tentative bien vaine de moderniser la comédie à la française.
 
 Eric Dotter
 
 
 
 
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