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- BD : Je suis un ange perdu de Jordi Lafebre aux éditions Dargaud

le  17/10/2025  



En 110 pages

Silhouette longiligne, cheveux ébouriffés, lunettes noires, cigarette coincée entre les lèvres et fourrure sur minijupe très mini, Eva Rojas, psychanalyste quelque peu déjantée, s'apprête à raconter à l'inspectrice adjointe Merkel ses derniers "exploits". Mais, avant de commencer à accepter de répondre, elle exige la présence de son...psychiatre, le docteur Llull ! Car, de son propre aveu, il arrive à Eva "d'exagérer, de s'emmêler les pinceaux....bref, de raconter les choses à (sa) manière".
La présence du médecin devrait lui permettre d'expliquer (presque) clairement comment et pourquoi, en tant que seul témoin oculaire, elle se trouve ce matin-là impliquée dans la mort violente de Ricardo Mazas, sympathisant néonazi et membre d'une bande criminelle, les deux jambes qui dépassent d'une chape de béton...
Récit d'une folle semaine dans la vie décidément animée d'Eva Rojas, psychiatre atypique.

18 mois après Le suis leur silence, Jordi Lafebre retrouve avec un plaisir évident son héroïne aussi flamboyante que fantasque, qu'il plonge contre toute attente das le milieu mythique du foot barcelonais où un jeune joueur, Joäo, star montante, a disparu. Le scénariste reprend le procédé narratif du tome précédent et utilise la thérapie suivie par Eva comme fil rouge d'une énigme policière qyi se déroule sur une semaine. Le récit est parfaitement mené, ultra-rythmé et d'une cohérence implacable, judicieusement éclairé par des flash-back et des dialogues toujours aussi irrésistibles.
Captivé par cette histoire ébouriffante, le lecteur est de surcroît happé par le ton résolument moderne et tout à la fois tendre, loufoque et hilarant. Cette immersion au coeur de la vie trépidante d'Eva Rojas et de ses "voix" qui l'accompagnent est renforcée par un dessin semi-réaliste enlevé et virevoltant, des couleurs ensoleillées et un découpage dynamique. C'est dans ce tourbillon de rires, de situations incongrues ou cocasses, de rencontres hautes en couleur que se dessinent les failles d'une femme à l'enfance brisée...
Entre comédie, polar catalan, récit familial et chronique sociétaire, une série brillante ! Un retour inespéré et plus que réussi...

-L'auteur : Jordi Lafebre est né en 1979 à Barcelone, où il étudie la bande dessinée et les Beaux-Arts avant d'effectuer ses premiers pas de dessinateur en 2001. Il est alors publié dans plusieurs magazines espagnols, notamment dans la revue pour la jeunesse "Mister K", dans laquelle il signe "El Munda de Judy" (« Le Monde de Judy») en collaboration avec le scénariste Toni Front.
Sa rencontre avec Zidrou est décisive : après quelques dessins dans le "Journal Spirou", Jordi Lafebre participe à un ouvrage collectif, "La vieille dame qui n'avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien" (Dupuis) puis, en 2010, il cosigne avec lui un one-shot émouvant : "Lydie" (Dargaud).
En 2014, toujours avec Zidrou, il sort "La Mondaine" (Dargaud), et continue sur sa lancée, en 2015, avec une série aussi familiale et solaire : "Les Beaux Étés" (Dargaud).
Après cinq premiers albums consacrés aux aventures de la famille Faldérault, Jordi Lafebre se plonge tout entier dans l'écriture et le dessin de son premier album en tant qu'auteur complet : "Malgré tout". Paru en 2020 chez Dargaud, on retrouve dans ce one-shot toute la poésie et la tendresse qui caractérisent l'auteur.



 
 
 
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