Anatomie d’une actrice (jusqu'au 26 juillet)

le  11/06/2025   au théâtre du Roi René, 4bis rue Grivolas 84000 Avignon (à 11h55)

Mise en scène de Hélène et Lola Zidi avec Hélène et Lola Zidi écrit par Hélène et Lola Zidi



Actrice de renom, Suzanne se prépare pour une nouvelle représentation. Avant que le rideau ne se lève, elle répète son texte sous les lumières des projecteurs. Mais, ce soir est un peu différent, sa mémoire la trahit, les mots lui échappent, petit à petit son jeu s’efface, les visages se brouillent, des souvenirs surgissent, se mélangent. Juliette, sa partenaire de jeu, essaie de l’aider en lui soufflant son texte afin de la recentrer.
Soudain, les frontières entre théâtre et réalité disparaissent, et Suzanne fait face à une autre vérité. Si sa vie d’actrice l’a menée dans la lumière, elle lui a aussi fait oublier la femme, la mère qu’elle a été. Aujourd’hui, si l’actrice ne retrouve pas ses mots, la femme perd sa mémoire, ses repères, jusqu’à oublier que Juliette est aussi sa fille.
Anatomie d’une actrice est la mise en abyme extraordinaire d’une actrice qui a fui la réalité pour un miroir aux alouettes dans lequel elle s’est réfugiée. La mise en scène se sert à merveille de la scénographie de Jean-Michel Adam, mélange de promontoire scénique sous les feux des projecteurs pour sublimer la Star, et de loge aux murs noirs avec un grand miroir sans tain où transparait le visage de l’actrice qui revoit son passé. Les jeux de lumières de Denis Koransky nous plongent dans l’antichambre de la mémoire qui glisse vers l’oubli.
Hélène Zidi est merveilleuse dans le rôle de cette « actrice » qui n’a vécu que par et à travers le théâtre, mélange de force et de fragilité, jusqu’à en oublier la réalité de sa vie et son propre enfant. Lola Zidi de son côté est parfaite de sensibilité et de résilience en fille qui tente de suivre les méandres de la mémoire maternelle pour reconstruire l’histoire commune et sauver sa mère.
Une pièce puissante, émouvante. Un duel implacable qui pose une question : Comment exister face à l’oubli ?

Paul Mickaels