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- BD : Les héros du peuple sont immortels de Stéphane Oiry aux éditions Dargaud
le 16/05/2025
En 128 pages
Bordeaux, début des années 1980. Une bande de copains, squatteurs par conviction et par obligation, décide de monter un groupe de punk rock, Camera Silens : un nom inspiré par les cellules d'isolement où sont emprisonnés, en Allemagne, les membres de la Fraction armée rouge. Entre galères du quotidien, tremplins rock, petites combines, défonce et concerts turbulents voire enflammés, Camera Silens se fait un nom dans le milieu du rock alternatif. Mais au bout de quelques années, Gilles Bertin, bassiste et chanteur du groupe, finit par se lasser. Alors qu'il vient d'avoir un enfant, il s'improvise cambrioleur. Un jour, après avoir réussi un gros coup de 12 millions de francs, il quitte la France pour échapper à la police. Une nouvelle vie commence. Désormais, il sera Did', tenancier d'une boutique de disques à Lisbonne, en attendant de s'inventer d'autres identités...
Les héros du peuple sont immortels est une libre adaptation de l'autobiographie de Gilles Bertin, Trente ans de cavale : ma vie de punk, publiée en 2019 chez Robert Laffont, l'année de son décès. En 2016, il avait franchi la frontière dans l'autre sens pour se rendre à la justice, qui le condamnera qu'à 5 ans de prison avec sursis, en raison de son "bon comportement". Tout en déroulant son parcours chaotique et en évoquant le Bordeaux marginal de la décennie 1980, l'album rend hommage à un courant musical, le punk, porté par une énergie salutaire au service d'un rêve d'utopie. Stéphane Oiry use par moments du tutoiement en s'adressant directement à Bertin, comme pour abolir la distance entre le lecteur et le personnage. La précision de son trait, ainsi que la palette de couleurs enrichie d'effets de trame, sont mises au service d'un récit profondément humain en forme de rédemption depuis les années punk et sida, jusqu'aux années 2010, et en forme de portrait d'une génération perdue, dont Bertin incarne la volonté de croire qu'une autre vie est toujours possible.
-L'auteur : Stéphane Oiry est né un premier avril (en 1970) à Nantes. La seconde bonne blague qu'il fit à ses parents est de choisir par la suite le drôle de métier de dessinateur. Et si, selon le dicton, "les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures", il n'a pourtant pas l'intention de s'arrêter. Il travaille pour le dessin animé, la presse, et l'édition jeunesse. En 2004, il fonde le magazine de bande dessinée jeunesse Capsule Cosmique dont il devient rédacteur en chef adjoint. Il est aussi auteur de bandes dessinées : Les passe-murailles avec Jean-Luc Cornette (Les Humanoïdes associés), Pauline et les loups garous, avec Appollo (Futuropolis) ou la série Maggie Garrisson, avec Lewis Trondheim (Dupuis). Il enseigne également l'illustration à l'École de Condé.
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