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Thérèse et Isabelle (jusqu’au 8 avril)
le 28/03/2025
au
théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt/La Coupole, 2 place du Châtelet 75004 Paris (lundi, mardi, vendredi et samedi à 19h, et dimanche à 15h)
Mise en scène de Marie Fortuit avec Louise Chevillotte, Marine Helmlinger, Raphaëlle Rousseau et Lucie Sansen écrit par Violette Leduc
Un banc, des lits, un cabinet de toilette. Trois jeunes filles débarquent sur le plateau, nous sommes dans un dortoir. Leur uniforme atteste de l’époque et du lieu : jupe plissée, chemisier, cravate, nous sommes dans un pensionnat de « jeunes filles ». Une nouvelle élève arrive. Rapidement les regards s’échangent entre deux des élèves : elles s’appellent Thérèse et Isabelle. Trois jours durant, elles vont vivre une passion, un amour d’adolescentes tout aussi flamboyant que discret, l’œil de la surveillante n’étant jamais loin. « Elle me sortait d’un monde où je n’avais pas vécu pour me lancer dans un monde où je ne vivais pas encore » résume Thérèse. Le prélude de la pièce l’annonce clairement : cette histoire est autobiographique, c’est celle de Violette Leduc, l’autrice du texte dont est inspirée la pièce, Violette Leduc qui vécut une passion avec Simone de Beauvoir. Trois jours se passeront et jamais plus les deux jeunes filles ne se reverront. La pièce, elle, orchestre les retrouvailles entre Simone et Violette. Violette est profondément blessée que son texte autobiographique, écrit en 1954 ait été censuré par son éditeur. Malgré le parrainage de Simone de Beauvoir, rien n’y fera, les amours de Thérèse et Isabelle ne verront le jour qu’en 2000, 38 ans après la mort de l’autrice. « Vous ne faites pas ce qui se fait, avait pourtant présagé Simone, vous faites ce qui se fera ». L’action étant posée depuis la mise en scène des deux protagonistes principaux, on attend un élan littéraire susceptible d’animer le récit mais hélas, le souffle de la passion n’anime pas la plume de l’autrice et les élans des deux jeunes filles laissent le spectateur bien indifférent. En fond de scène, une pianiste-chanteuse ponctue joliment le récit, mais c’est peine perdue, ce texte un peu boursouflé par une mise en scène emphatique n’accroche pas l’attention du spectateur. Et les artifices de scénographie qui ponctuent la conclusion mettant en scène Violette et Simone révèlent encore un peu plus les manques d’un texte sans aspérités.
Eric Dotter
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