en 
 
 
cinema

 
 

28 jours plus tard (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  28/06/2025  

De Danny Boyle avec Cillian Murphy, Naomie Harris, Brendan Gleeson, Megan Burns et Christopher Henry (les 28/06 + 01/07)


L’Angleterre dans un avenir proche. Un commando de la Protection Animale fait irruption dans un laboratoire top secret. Objectif : délivrer des dizaines de chimpanzés soumis à des expériences barbares. Mais, aussitôt libres, les animaux contaminés par un mystérieux virus et animés d’une rage incontrôlable, bondissent sur leurs amis qu’ils déciment en un horrible carnage. 28 jours plus tard, le mal s’est répandu à une vitesse fulgurante à travers le pays, la population a été évacuée en masse et Londres n’est plus qu’une ville morte, figée dans le silence. Les rares rescapés se terrent pour échapper aux contaminés assoiffés de violence, dont une seule goutte de sang suffit pour transmettre le virus létal. Jim, un coursier, sort du coma dans un hôpital désert. Cherchant refuge dans une église, il découvre un amas de cadavres aux visages ensanglantés, déformés par d’atroces douleurs, et échappe de justesse à l’attaque d’un prêtre contaminé. Poursuivi par une meute enragée, il est sauvé in extremis par un couple de rescapés, Selena et Mark, auxquels il se joint. Lors d’une attaque, Mark est blessé par des contaminés et est aussitôt abattu par Selena pour éviter qu’elle et Jim le soient à leur tour. Le duo découvre, dans un appartement barricadé, un père, Frank, et sa fille adolescente, Hannah. Faisant cause commune, les 4 survivants décident alors de gagner une zone sécurisée de Manchester, tenue par un petit détachement de soldats. Mais ce qui les attend en route et dans ce sanctuaire dépasse leurs pires cauchemars…

Après Une vie moins ordinaire et La plage, le réalisateur anglais Danny Boyle semble être revenu à ses premières amours, bien loin des grosses productions américaines. Mais, au lieu d’avoir un film de la manufacture de Petits meurtres entre amis ou de Transpotting, le voilà qui nous propose une histoire pour le moins étrange, une sorte de remake de La nuit des morts vivants sur fond d’Angleterre décimée par une épidémie virale foudroyante et dévastatrice, tout comme apparemment le reste de la planète. C’est l’occasion de voir un monde immobile et silencieux, une ville morte comme Londres sans âme qui vive (à part tout de même quelques zombies grouillants !), les rues, les maisons et les magasins complètement déserts. Mais c’est aussi pour Danny Boyle la possibilité de faire une œuvre fantastique avec un scénario catastrophe entre film de science-fiction et film de guerre comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. En effet, on n’avait pas eu la chance de pouvoir se baigner dans un genre comme celui-ci au moins depuis les années 70, un environnement apocalyptique qui serait à première vue tout à fait crédible et donc réaliste à plus d’un titre.
On connaît à peu près tous les accès de fureur et de violence qui sévissent un peu partout dans notre société actuelle. Mais on sait aussi que des laboratoires de recherche sont capables de mettre au point et donc de fabriquer des virus mortels d’une amplitude souvent inimaginable, que certains pays possèdent ce style de produits et qu’ils pourraient s’en servir comme arme dans une guerre bactériologique, surtout quand on sait ce qui s’est passé dernièrement avec l’affaire des terroristes islamistes prêts à empoisonner l’eau potable de Paris. On peut même se procurer un certain nombre de ces produits dangereux par l’intermédiaire d’Internet. Comme quoi, il suffit de pas grand chose pour que ce genre de fiction devienne un jour réalité. C’est d’autant plus impressionnant que les moyens mis en œuvre ici ne semblent pas spécialement exorbitants : donner l’impression qu’on a vidé Londres de ses habitants n’est pas un problème en soit si on arrive à tourner à des heures particulières, de jour comme de nuit, et dans des axes bien définis ! Brûler Manchester est une autre paire de manches ! Apparemment, pas non plus de salaires onéreux puisque les comédiens principaux (les rares survivants !) ne sont pas encore très connus : Cillian Murphy, qui joue Jim, était dans La tranchée, et Naomie Harris, qui interprète Selena, a travaillé à la BBC. Seuls les morts (-vivants !) sont un peu plus célèbres : Christopher Henry, le major meneur d’hommes, était déjà dans Petits meurtres entre amis, Elizabeth, Existenz, Les autres, et Brendan Gleeson, le père d’Hannah, est connu pour ses rôles dans Le général, The tailor of Panama, Horizons lointains, The snapper, Michael Collins, Braveheart, Mission impossible 2, Harrison’s flowers, Intelligence artificielle, Gangs of New York.
On est subjugué par le simple fait qu’on puisse être transporté dans une situation à la fois complètement véridique aujourd’hui et réellement possible un jour, aux vues de la qualité des images, certes fortes et réalistes, mais souvent saturées et très proches de celles diffusées à la télévision à travers des reportages d’actualité. On dirait que ce sont les rescapés eux-mêmes qui filment ce qui reste de leur agglomération. Avec une réalisation en vidéo numérique, on est bien loin de l’esthétique des précédentes productions de Danny Boyle, surtout avec cette espèce de grain sombre et très épais ! A force de vouloir coller le plus possible à la réalité et à l’actualité qui nous entourent quotidiennement, il faut bien se rendre à l’évidence que ce film à l’ambiance et l’esthétique décalées, un peu trash, limite gore, pourrait faire peur, entraîner une certaine panique parmi les spectateurs sensibles, quitte à nourrir une véritable paranoïa chez eux. Bref, voilà un scénario catastrophe sous tension plein de suspense à ne pas mettre entre toutes les mains (et encore moins entre celles de Ben Laden !).
Même si on ne nous dévoile pas tout ce qui s’est passé dans l’intervalle entre le déclenchement de l’épidémie et le réveil de Jim à l’hôpital, le principe de ce film est tout de même de nous faire croire que tout cela peut exister à n’importe quel moment. On en rajoute avec des séquences marquantes comme les gestes agressifs, les visages hideux et les yeux injectés de sang des contaminés. Quitte à muscler encore, le réalisateur nous offre en gros plans des corps découpés et des giclements d’hémoglobine ici et là pour parfaire le thème de la planète à feu et à sang. Mais le summum est le moment où Jim tue un soldat en lui enfonçant ses doigts dans les yeux. Beurk, beurk, beurk ! On a la nette impression que Danny Boyle a voulu à tout prix provoquer, choquer et toucher le maximum de gens pour montrer ce qu’il adviendrait si une chose pareille se produisait réellement. Maintenant, grâce à lui, on sait ! Evitez tout de même de trop vous interroger sur le futur, vous pourriez avoir des idées…ou des migraines !

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique